Depuis que les télévisions satellitaires ont mis en place un système de verrouillage très performant basé sur un code dynamique qui change de paramètres toutes les heures, les ingénieurs de la «joutia» ne font que compter leurs pertes.
Les clients qui avaient l’habitude d’acquérir les cartes trafiquées ou de flasher leur récepteur numérique ont déserté les lieux une fois qu’ils eurent acquis la certitude de l’impuissance des hackers de la «Joutia» à contourner les contre-mesures mises en place par les télévisions satellitaires.
Plusieurs hackers cachent mal leur déception, ils regrettent que ce système soit installé en période de Coupe du monde.
«Nous aurions aimé que les télévisions satellitaires aient repoussé la date de la mise en place de ce système jusqu’à la fin de la Coupe de monde», souligne, l’air abattu, un jeune bricoleur.
Tous les pseudo-génies de ce marché aux puces savent qu’ils ne peuvent plus compter sur les recettes qu’ils génèrent du piratage. «Le nouveau code ne sera jamais brisé puisque le système anti-piratage mis en place est renforcé par le moteur d’interactivité qui permet de transformer les caractéristiques du cryptage en temps réel et de rendre les cartes pirates inopérantes», reconnaît un hacker.
Les autres pirates ne désarment pas et poursuivent leurs efforts avec persévérance. Ils sont optimistes et disent pouvoir réussir l’opération de décodage de ce bouquet.
Par ailleurs, les clients se font de plus en plus rares dans la «joutia». Certains ont préféré prendre un abonnement en bonne et due forme chez ART. D’autres se sont résignés à l’évidence et ont abandonné leur quête du code.
Il n’ y a que quelques irréductibles qui s’y rendent encore pour rechercher le sésame perdu. Ces clients ne cachent plus leur colère. «C’est injuste de nous priver du Mondial.
C’est la septième fois que je viens ici pour voir si le code est trouvé ou pas», affirme un client.
«D’habitude, il faut juste un jour à une semaine pour trouver le code, mais maintenant ça fait plus d’un mois que nous attendons», indique un autre consommateur qui garde encore l’espoir de voir les pirates briser le codage.
Face à ce nouveau système, les affaires des hackers sont en chute libre. «J’ai perdu 80 % de mon chiffre d’affaires. Il ne me reste plus qu’à fermer mon magasin», précise un bricoleur.
Et dire que le génie de Derb Ghallef n’est en fait qu’un mythe qui s’est effondré une fois mis à rude épreuve.
Abderrahman Ichi
LE MATIN