Quant aux maisons menaçant ruine, ces dernières ont déjà fait l’objet d’un recensement. En effet, 71 maisons de l’ancienne médina risquent de s’effondrer et nécessitent d’être rasées. C’est le dernier résultat auquel sont arrivés les experts de l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg.
Ces demeures qui rentrent dans la zone du projet Bouregreg ont été construites, selon l’agence, d’une manière anarchique. «Ces bâtisses ont poussé comme des champignons sans avoir aucune base solide. Elles menacent non seulement de s’effondrer mais d’entraîner la chute des autres maisons qui les entourent comme ce qui est arrivé au fendak Wadi Dahab», s’inquiète Mohammed Rherras responsable des affaires sociales au sein de l’Agence de l’aménagement du Bouregreg.
En effet, une partie de ce fendak s’est déjà effondrée, entraînant la chute de deux chambres faisant partie de la maison voisine. «Ce fendak existe depuis plus de 200 ans mais il n’a jamais été restauré. C’est pour cette raison qu’une partie de ce bâtiment est tombée en 1989», explique un jeune qui loge dans la maison voisine. En effet, lors de ce dernier accident, un homme a rendu l’âme et un autre a été blessé.
Pourtant ce fendak se situe dans la rue des Consuls, l’une des artères principales de l’ancienne médina et un lieu très sollicité par les touristes. Habité jadis par d’anciennes familles R’batis, cet espace est devenu un lieu de fabrication d’objets artisanaux. Ainsi, trente-deux boutiques de confection de «coussins» en cuir occupent aujourd’hui ce lieu. Les maisons menaçant ruine actuellement sont également occupées par des locataires depuis plus d’un demi-siècle.
Ces derniers refusent d’évacuer les lieux malgré l’intervention du personnel de l’agence qui a tenté de sensibiliser cette population au danger qu’elle encoure. «Ces maisons ne représentent pas seulement une menace pour leur voisinage mais aussi une tache noire dans l’ancienne médina. Certaines demeures comme celle d’El Amrani sont tellement anéanties qu’elles risquent de tomber avec l’arrivée de la prochaine saison pluviale» ajoute Mohammed Rherras.
Contactés par «Le Matin», les habitants de cette maison se disent surpris de ce pronostic. «Nous habitons cette maison depuis 1962 et depuis, nous l’avons toujours bien entretenue. C’est ici que mes enfants sont nés et ont grandi. Cette maison fait partie du patrimoine national. L’agence n’a pas le droit de la détruire et dans le cas où elle veut le faire, elle n’a qu’à nous indemniser», affirme El Haj Ghaleb Lahcen.
Une indemnité que l’agence n’est pas prête à accorder à ces familles du moment que leurs maisons rentrent dans le cadre de la propriété privée. «Ces maisons finiront un jour ou l’autre par être rasées parce qu’elles ne répondent à aucune norme de construction et ce n’est pas à l’agence d’intervenir pour les évacuer mais aux autorités responsables. L’agence essaie seulement de sensibiliser ces gens au danger», ajoute le responsable des affaires sociales.
L’agence compte rembourser par contre les ménages occupant les trois bidonvilles de Diour Dbagh, Masstirri et Bergach. Vu qu’ils occupent des terrains appartenant à l’Etat. L’agence a prévu un montant de 72 millions de centimes comme indemnité pour chaque ménage occupant une baraque appartenant aux trois fendaks.
Yousra Amrani
LE MATIN