Le temps est laissé au temps. On oblige le temps à s’arrêter. On veut transformer Jdida paradoxalement en cité-dortoir.
Jadis, quand on respectait vraiment le temps, le Big Ben d’El Jadida (l’horloge de l’ex-cercle d’El Jadida), celle de la poste principale et le cadran solaire de la mosquée Belhamdounia donnaient l’heure avec une exactitude inouïe, hiver comme été.
Mais depuis quelques années, les cadrans de ces horloges, et même celle plus récente de l’hôtel de ville, ne daignent plus bouger étant donné que ces magnifiques machines du temps ont été abandonnées à leur propre sort.
Ces horloges, valant leur pesant d’or, sont délaissées avec une indifférence qui révèle le degré de respect accordé à la notion du temps et du souci de l’entretien qui préoccupe les responsables de la ville. Pourtant, elles ne demandent qu’une banale intervention pour recommencer à respirer au grand bonheur de tous. N’y ont-elles pas droit ?
Nous n’oublierons jamais ce touriste d’outre-mer qui s’est fait un grand plaisir de filmer l’horloge de la municipalité tout en lançant à sa compagne d’un ton ironique : «C’est le fameux temps marocain ! En plus, ceci prouve que les élus ne respectent guère les habitants de la ville puisqu’ils ne soucient guère de la notion du temps». Que répondre face à une telle allégation ? Rien, car au fond de moi-même, cette manie de qualifier nos rendez-vous de «rendez-vous marocains » existe dans nos mœurs et coutumes à cause, justement, de l’irrespect dû à ce facteur-clé et vital. Pire encore, chez nous, la perte de temps est constatée partout même au sein des administrations publiques et semi-publiques.
Allez voir du côté de notre (respectable) municipalité ; les interminables palabres animées par nos élus, leurs dissensions et leurs chamailles pour des futilités sous prétexte qu’ils n’approuvent pas la mauvaise gestion de la municipalité. Mais en réalité, chacun y trouve son compte et pendant ce temps gaspillé, c’est toute la ville qui en pâtit. Alors, le temps n’est-il en or que pour l’intérêt personnel ? Ces derniers jours, nos «vaillants» conseillers sont presque sur le ring pour exhiber leurs muscles les uns contre les autres tandis que l’achèvement des travaux de plusieurs chantiers s’éternise et que les délais s’étirent à faire mourir de rage ou de pollution ; comme c’est le cas du fameux centre commercial d’El Kalaâ, devenu un véritable marécage et attendant certainement « le maçon de Godot » pour son parachèvement. Il en est de même pour la réhabilitation de la cité portugaise, le marché Bir Brahim, le complexe culturel et l’abattoir. Ainsi, les élus continueront-ils à répéter la fameuse réplique : «On va faire », mais en réalité, on ne verra la réalisation de ces chantiers que d’ici au moins un siècle.
L’autre paire de manches, on la constate lors des files interminables que forment les citoyens devant les services de la trésorerie générale, des banques, des dispensaires, des services de distribution d’eau et d’électricité et des agences de l’IAM.
Enfin, partout. Et lorsqu’un citoyen ose placer une remarque, c’est un « ceux qui se sont pressés, sont déjà morts» qu’il reçoit comme réplique d’un ton ironique. Pis encore, le centre hospitalier provincial, construit en 1917, est dans la déchéance totale. Et même s’il a atteint un seuil alarmant et effrayant, le malade ou le blessé doit attendre dans l’agonie qu’on veuille le consulter, surtout aux urgences. Cela au cas où il réussit à entrer sinon il rendra son âme à Dieu petit à petit devant la porte de l’hôpital, dans l’indifférence totale des hommes et des femmes de la santé publique, comme ce qui est arrivé dernièrement pour un pauvre regretté.
D’où vient donc le mal ? C’est simple, on laisse le temps au temps pour faire oublier toutes les bévues et gaffes.
On préfère se vautrer dans une oisiveté bizarroïde pour faire régner le spectre de l’oubli afin de s’emplir goulûment les poches au frais du pauvre citoyen. En somme, la nouvelle vision de notre Auguste Souverain obligera incessamment ces malintentionnés à accorder toute l’importance nécessaire au temps.
Ils sauront très vite que le nouveau Maroc n’est fier que de ceux qui respectent la notion du temps car demain le temps sera le maître de celui qui n’en aura pas. En attendant, espérons que les charmantes horloges d’El Jadida reprennent leurs activités ardemment souhaitées.
Alors, les décideurs de la Deauville marocaine comprendront-ils que le temps est un glaive qu’il faut casser par le sérieux au risque de se tuer petit à petit ?
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Monuments historiques des Doukkala
Azemmour
Située à 17 km au nord d’Eljadida, sur la rive gauche d’Oum Rbie. Elle a été fondée par les Senhaja. Les Portugais s’en emparèrent en 1513.Elle est plus connue sous le nom du Saint Moulay Bouchaïb Erreddad.
La cité portugaise
Forteresse portugaise, à El Jadida, fondée en 1524. Elle a été déclarée patrimoine mondial en 2004. Elle a été le théâtre du tournage de plusieurs films célèbres dont notamment : Othello- Les tambours de la guerre et Sahara.
Tit (Moulay Abdellah Amghar)
Située à environ 14 km du sud-ouest d’ El Jadida, la ville de Tit a été fondée par les Chorfa amghariyine. Elle est célèbre par son moussem annuel. On y trouve la grotte préhistorique, Khanzira, les tombeaux phéniciens et le minaret Moulay Abdellah, sœur jumelle de la Koutoubia et la Giralda.
Oualidia
Kasbah fondée par Eloualid Ben Zidane Assaâdi. Elle a été l’un des endroits privilégiés pour le repos de feu Sidi Mohammed V. Elle est très célèbre par sa spécialité de fruits de mer.
Gharbia
Ville fondée au début de l’Islam. Elle était l’une des plus grandes villes du Maghreb à cette époque.
Elle est située entre Oualidia et Khemis Zemamra la RS9.
Kasbah de Boulaâouane
Fondée par Abdelmoumen Ben Ali Assaâdi, elle a été sous l’emprise des envahisseurs portugais avant que le Sultan Moulay Ismaïl s’en empare pour être sa résidence de repos lors de ses voyages entre Meknès et Marrakech.
Elle se situe entre Ouled Frej et Settat.
Abdelmajid Nejdi
LE MATIN