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Projet d’autonomie dans le cadre de la souveraineté nationale

Le Souverain a apporté en effet les réponses idoines, opportunes et constructives aux nombreux questionnements qui n’ont cessé d’alimenter les débats depuis quelques semaines sur l’avenir du Sahara.

Or, les réponses Royales ne souffrent aucune ambiguïté et, une nouvelle fois, elles confirment l’engagement constitutionnel de S.M. le Roi à demeurer le garant de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Royaume.

L’allocution Royale, prononcée au cœur du Sahara, avait plus que valeur de symbole. Elle s’adressait au monde entier autant qu’au peuple marocain dans toutes ses composantes, notamment dans sa spécificité sahraouie.

Elle illustre également la philosophie de régionalisation par le fait que désormais toute décision institutionnelle – et celle de l’autonomie en est la plus actuelle – devrait partir de la base, au terme d’une concertation, d’un consensus dégagé dans le cadre d’un organe ad hoc. La recomposition du Conseil Royal consultatif pour les Affaires sahariennes (CORCAS), son renforcement et son élargissement annoncé par le Souverain s’inscrivent dans une perspective inédite, marquée par la volonté de confier à nos compatriotes des provinces du Sud l’instrument juridique, politique et institutionnel pour conduire leurs affaires.

Une mission est confiée par le Souverain au Conseil :
qu’il s’engage collectivement dans une action concertée et intégrée de nature à protéger les acquis réalisés par notre pays dans la consolidation de notre unité nationale et de notre intégrité territoriale .
Une proposition emboîtant le pas à une autre, le discours Royal constitue en définitive une sorte d’argumentaire solide, éclairant tant par son contenu que par sa dimension politique et pédagogique. L’annonce par le Souverain d’une proposition pour la mise en œuvre d’une solution politique négociée et acceptée par toutes les parties réaffirme l’engagement du Maroc à respecter la légalité internationale, à ne pas se défausser des résolutions pertinentes des Nations unies qui, à défaut d’autres solutions au problème du Sahara, ont recommandé officiellement le recours au dialogue et à la solution politique.

N’ayant pas dévié d’un iota d’une telle ligne, le Maroc se fait fort de la traduire dans les faits. Et S.M. le Roi est certainement le mieux placé pour la défendre : Souscrivant, dit-il, à cette orientation qui bénéficie d’ailleurs de l’appui de la communauté internationale et de l’Organisation des Nations unies, notre pays n’a cessé de manifester sa disposition à œuvrer pour trouver une solution politique garantissant aux habitants de la région la possibilité de gérer leurs affaires régionales dans le cadre de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale inaliénables de notre pays. Le règlement de ce conflit ne pourrait constituer, en vérité, qu’une étape, ouvrant de nouvelles et exaltantes perspectives pour les peuples de la région maghrébine.

Cela dit, il s’agit d’une condition sine qua non parce que l’unité maghrébine demeure tributaire d’un règlement définitif au Sahara entre le Maroc et l’Algérie.
De ce fait, le Souverain a tenu à en établir la nécessaire causalité entre l’une et l’autre démarche, en affirmant que cette solution constituerait un règlement juste du différend artificiel dans la région et une contribution à l’édification d’un Maghreb arabe où règnent la coopération et la prospérité et d’un espace régional où dominent la paix et la stabilité . La teneur du discours Royal est à la mesure de la proclamation qu’il contient, c’est-à-dire un programme audacieux, une manière de feuille de route où la profondeur intellectuelle le dispute à l’intuition politique et à la générosité de cœur.

Dans cet élan, la mise en œuvre de l’autonomie régionale élargie n’est pas seulement un défi pour les parties concernées, mais une raison d’être, un motif supplémentaire pour le Maroc de montrer que son attachement, nous dirions son amour pour le Sahara y va de sa volonté de le doter d’instruments modernes de gestion, de lui assurer le développement global et durable qui lui sied, d’en faire un pôle exemplaire, le plus moderne qui soit de la gestion régionale…Comment ne pas se convaincre d’une telle vision, notamment lorsque le Souverain réaffirme que cette démarche va également dans le sens des efforts que nous déployons résolument depuis notre accession au Trône de nos vénérés ancêtres pour instaurer une bonne gouvernance, fondée sur l’élargissement de l’espace de participation à la gestion des affaires locales et l’émergence de nouvelles élites capables d’assumer des responsabilités ainsi que pour mobiliser les moyens juridiques et les ressources matérielles nécessaires afin de concrétiser les objectifs précités, au service du citoyen, de sa dignité et de l’intérêt général .
Il est plus tentant d’estimer que la route ainsi tracée royalement donne la mesure de l’enjeu démocratique à nul autre pareil et que la philosophie régionale proclamée du haut des murs de Lâayoune n’est pas autre chose que l’écho aux attentes de nos frères des provinces du Sud, ceux qui vivent dans le climat paisible du Sahara comme aussi ceux qui campent à l’ombre des miradors et croupissent dans les Guantanamo de Tindouf et Lahmada.

Aux uns et aux autres, l’appel Royal est sans concession, ni démagogique ni politique. Il procède d’un profond humanisme politique, d’autant plus nécessaire de nos jours que l’époque sacrifie facilement au cynisme et à ce que le général de Gaulle appelait l’égoïsme sacré !
La mise en œuvre d’une autonomie régionale n’est pas un artifice, tant s’en faut ! Mais une profession de foi, et le Souverain, pour l’avoir préconisée, a posé comme un préalable méthodologique : le débat national, le débat local, le dégagement d’un consensus au niveau des partis qui sont les représentants du peuple, à celui des élites et composantes sahariennes.

Procédant d’une vision démocratique, le Souverain anime ainsi un débat national qui engage un destin collectif et donne une impulsion forte au projet de société égalitaire et inscrit dans les acquis consolidés jusqu’ici. Le discours Royal de Lâayoune est un tournant au sens plein du terme, parce que S.M. le Roi Mohammed VI s’investit d’une nouvelle et historique mission de paix et de stabilité, adossée sur une mobilisation populaire et une unité nationale sans faille et parce que face aux irrédentismes de nos adversaires, il n’est d’autre voie que celle de la sagesse politique et de l’initiative.

Hassan Alaoui | LE MATIN

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