Poursuites. Acharnement contre la presse libre

Le directeur et la journaliste d’Al Ayam, longuement interrogés au sujet du dossier, “Les secrets du harem du palais entre trois rois”, sont finalement accusés de deux délits. Ainsi, quoique leur dossier soit entièrement basé sur une interview authentifiée de François Cléret, ancien médecin des rois Mohammed V et Hassan II, le parquet estime qu’il comporte “de fausses informations, des présomptions et faits erronées de nature à troubler l’ordre public”.

Même s’il s’agit de vieux secrets d’alcôve ? C’est troublant, mais c’est notre justice. Le deuxième chef d’accusation, imprévu celui-là, concerne “la publication de photos de certains membres de la famille royale sans autorisation préalable du cabinet royal”. Un pas est franchi.

Si avec Al Jarida Al Oukhra, le Palais s’est contenté d’une lettre de remontrances du chef du protocole royal, cette fois-ci, il a déterré un obscur dahir du 19 décembre 1956 (antérieur à la loi libérale de 1958). Que régit cette loi en particulier ? Des photos privées, celles mises en réseau par les agences de presse, celles vendues dans l’espace public ? Mystère. En attendant, nos confrères devront répondre de leurs actes le 23 janvier 2006. Deux mois plus tard, le 14 mars, Koukas et son interviewée, auto-proclamée républicaine, leur emboîteront le pas.

Ainsi, leur procès si décrié n’aura finalement pas été classé. Quant à Ariri, quoique interdit de publier sa “Une” avec le titre-choc “Dieu maudisse ce pays”, il a tout de même été amené à s’expliquer le jeudi 22 décembre devant la PJ pour avoir choisi cette expression et permis la diffusion de sa “Une” bannie. D’ailleurs, Driss Chahtane, directeur de l’hebdomadaire jusque-là peu connu Al Michâal, est passé par là, la veille, pour avoir dupliqué cette “Une”, dorénavant célèbre.

Visiblement, la cellule mise en place par Mohamed Bouzoubaâ tourne à plein régime. La presse n’est plus libre de ses actes.

Telquel

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