Mais il n’a jamais été question de se séparer, les deux amis se rencontraient chaque jour pour bavarder, se balader et faire un tour le week-end au centre-ville. De fil en aiguille, les deux amis commencent aussi à picoler.
«Je n’avais pas l’intention de le tuer», déclare Saïd aux magistrats quand ils l’ont interrogé. Comment a-t-il pu tuer son ami si cher ? Saïd a expliqué à la cour qu’ils se sont rencontrés, le jour du drame, vers 16h. C’était un samedi, se souvient-il sans préciser la date exacte. Ils se sont mis d’accord de se rendre au centre-ville pour acheter quelques bouteilles de vin rouge et de bière avant de rebrousser chemin vers leur quartier. Bien avant d’arriver chez eux, ils ont commencé à se soûler dans la rue. Ils se racontaient leurs aventures avec les filles.
Les esprits ont commencé à s’échauffer lorsque la rigolade s’est transformée en dispute. «Mais ton amante était une fille qui se donnait à tout le monde», a lancé Saïd à son ami. Énervé, ce dernier a voulu partir. Saïd, lui, a tenu à lui préciser qu’il disait vrai et que sa maîtresse partageait le lit avec presque tous les jeunes du quartier. La dispute a pris d’énormes proportions. Saïd a commencé à insulter son ami, à l’injurier au point qu’Ahmed ne pouvait plus supporter et cherchait à partir.
Mais, Saïd l’en a empêché. Ils se sont remis à boire et la dispute a repris quelques minutes plus tard. Hors de lui, Saïd a asséné à son ami un coup de poing.
Ahmed disparaît. Quelques minutes plus tard, il est revenu avec un couteau à la main. Sans échanger le moindre mot, il a assené un premier coup au bras de Saïd. Ce dernier a reculé avant de sortir un couteau qu’il dissimulait sous ses vêtements. Il n’a pas hésité à l’enfoncer dans le torse de son ami. Ahmed s’est effondré. Il a été transporté aux urgences de l’hôpital Ibn Rochd, où il a rendu l’âme.
Saïd a raconté toute cette histoire devant les juges. Mais, il a continué à nier son intention de tuer Ahmed.
Le représentant du ministère public, qui a pris, le premier, la parole, a estimé que le crime était prémédité du moment que l’accusé était armé.
Le représentant du ministère public a donc requis une peine maximale contre Saïd. Quant à la défense, elle a précisé que son client n’avait jamais pensé tuer son ami.
La preuve, pour l’avocat, est que son client a reconnu avoir poignardé son ami sans avoir l’intention de l’assassiner. L’avocat a réclamé le bénéfice des circonstances atténuantes. Après les délibérations, la cour a condamné Saïd à 15 ans de réclusion criminelle.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma