De quoi s’agit-il ? La curiosité du passant grandit. Il s’enhardit. C’est ainsi qu’il finit par ouvrir le sac et en examiner le contenu. Et là c’est le choc ! Dans le sac, il y a un cadavre ! Le corps sans vie d’un homme ! Le passant est tétanisé. Il lâche le sac, horrifié, pétrifié. Il se tient là, debout, maudissant les circonstances qui l’ont poussé à passer par là et à ouvrir ce sac de malheur.
Comme si ses yeux avaient pu lui mentir, l’homme jette une nouvelle fois les yeux à l’intérieur du sac. Il s’agit bel et bien du cadavre d’un être humain. C’est alors qu’il finit par admettre la situation. Comme quelqu’un qui se réveille d’un cauchemar pour découvrir qu’il s’agit en fait de la réalité.
Le passant appelle alors les riverains. Ces derniers ne tardent pas à s’attrouper autour du grand sachet en plastique, et attendent l’arrivée de la police.
Les premiers éléments du constat d’usage révèlent que le cadavre appartient à un sexagénaire. Le corps ne présente aucune blessure, la mort ne date que de quelques heures.
Très vite, les enquêteurs parviennent à identifier la victime. Certains des riverains attroupés l’ont formellement reconnu. L’homme demeurait au quartier Ben Souda. Le cadavre est évacué vers la morgue tandis que les policiers se dirigent vers le domicile du défunt.
L’interrogatoire de routine auquel est soumise la famille débouche très vite sur du sérieux. Les réponses qui sont faites aux enquêteurs sont confuses. Sans compter les questions qui demeurent sans réponse. Quelques heures suffisent à élucider l’affaire. Il s’agit d’un parricide.
L’enquête révèle que le père, âgé de soixante-trois ans, retraité, a été assassiné par son fils, âgé de vingt-trois ans. Pourquoi ? Selon les résultats de l’enquête policière, le père jouissait d’une bonne réputation dans son quartier. Alors qu’au contraire, sa famille prétendait aux enquêteurs que l’homme était devenu violent quelques temps après avoir pris sa retraite. Qu’il ne cessait de malmener sa femme pour la moindre raison. Et que son comportement n’avait pas manqué de retentir sur ses enfants, surtout Saïd, atteint d’une maladie mentale résistante à tous les traitements.
D’un instant à l’autre, Saïd était susceptible d’entrer en crise, une forme d’hystérie tellement violente que personne ne parvenait plus à l’immobiliser. C’est précisément ce qui est arrivé le jour du crime.
Pour une raison futile, le père s’est emporté contre son épouse. Il l’a injuriée et l’a frappée sous les yeux des enfants. Comme à son habitude. Mais ce jour-là Saïd ne l’a pas supporté.
Pris d’hystérie, Saïd s’est donc jeté sur son père et l’a étranglé, des deux mains. Devant le cadavre, la famille a alors décidé de faire comme si de rien n’était et de jeter le cadavre à la rue, enveloppé d’un sac en plastique.
Saïd, sa mère et ses trois frères ont été traduits devant la Cour d’appel de Fès. Un parricide monstrueux, monstrueusement ordinaire.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma