Le taux d’analphabètes atteint 76 % chez la population active dans le secteur de l’agriculture, contre 45 % dans le secteur de l’industrie et 31 % dans le secteur des services.
Les enfants non scolarisés ou déscolarisés âgés de 7 à 15 ans constituent 27,4 % des garçons et 40,6 % des filles. Ces dernières sont les plus exclues. Cette inégalité s’accentue en milieu rural et dans certaines régions du pays qui sont particulièrement touchées. C’est ainsi que le taux pour les filles, à l’échelle nationale, est passé de 61,8 % à 86,6 % et pour les filles rurales qui enregistrent les taux les plus bas de 44,6 % à 78,7 %. Les régions de Marrakech-Tensift-al Haouz et Souss-Massa-Daraa concentrent à elles seules un million d’analphabètes.
La ville de Chichaoua culmine en tête des régions les plus touchées avec 83% d’analphabètes, contre 26 % pour la capitale, qui reste la ville concentrant le moins d’analphabètes. Le dernier RGPH a même mis en évidence des régions où les 3/4 de la population sont analphabètes. L’éloignement des écoles et la pauvreté sont parmi les premières entraves qui privent des fillettes d’accéder à l’école et de s’y maintenir au-delà de l’enseignement primaire.
En somme, le taux d’analphabétisme au Maroc s’élève officiellement à plus de 40%. En milieu rural, le taux d’analphabétisme atteint 67%. Moins de 10% des exploitants agricoles ont un niveau d’instruction qui dépasse le primaire et 81% des exploitants sont analphabètes.
Ce pourcentage, jugé encore élevé certes par les acteurs qui oeuvrent dans ce domaine, doit être ramené à 35% en 2007 grâce à un «plan national» mis en place par le gouvernement. Elaboré par le secrétariat d’Etat chargé de l’Alphabétisation et de l’Education non formelle, ce programme d’action 2005-2010 permettra de réduire l’analphabétisme à 9 % pour la population âgée de 15 à 45 ans qui constitue la cible prioritaire et à 17 % chez la population âgée de 15 ans et plus. La stratégie pour l’alphabétisation nationale vise chaque année un million de personnes et la scolarisation de 60.000 enfants non scolarisés ou ayant abandonné leurs études.
Elle repose sur la création de mécanismes d’orientation, de concertation, de suivi et d’amélioration des programmes spécifiques de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle, ainsi que sur la formation de cadres spécialisés et l’adoption d’une approche de partenariat et de concertation avec tous les intervenants.
Le gouvernement a également adopté une gestion décentralisée en matière d’alphabétisation à travers la création d’instances de consultation et d’orientation aux niveaux central et local, en plus de la création d’instances chargées de cette question au niveau des académies régionales de l’enseignement et de la formation, ainsi que la publication, pour la première fois, de livres spécifiques à l’enseignement informel.
La stratégie d’intervention en matière d’alphabétisation des adultes vise à remédier aux causes profondes de ces écarts. Ces causes peuvent être déclinées comme suit : absence d’un environnement marqué par l’écrit, absence d’une demande soutenue d’alphabétisation, situation socio-économique précaire de la population cible et faible implication des entreprises et d’autres opérateurs potentiels. A noter que la Charte nationale de l’éducation et de la formation a fixé pour 2010 la réduction du taux global d’analphabétisme à 20 % et l’éradication quasi totale pour 2015.
Dans ce cadre, plusieurs associations de femmes se sont investies dans ce domaine dans plusieurs régions du pays, en privilégiant une alphabétisation fonctionnelle qui intègre une sensibilisation aux droits et une éducation à la citoyenneté.
Lematin.