Peine de mort pour le meurtrier d’Ouazzane

Vers 11 h, Baba Saleh est appelé par le président de la Cour. Un homme, quadragénaire, allure sportive, a avancé vers le box des accusés.

« Tu es accusé de viol d’une mineure de moins de quinze ans et d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens. Qu’en dis-tu ? », lui a demandé le président de la Cour.

Baba Saleh a gardé dans un premier temps le silence comme s’il cherchait les mots pour s’exprimer. D’abord qui est-il ? C’est un sportif pratiquant le taekwondo, âgé de quarante-quatre ans, qui a des antécédents judiciaires. Marié à une Allemande, il a séjourné durant onze ans au pays de Goethe. Après quoi, il a été refoulé suite à son implication dans une affaire de viol d’une vieille femme allemande. Revenu au Maroc et installé dans sa ville natale, Ouazzane, il ne tardera pas à être impliqué dans une affaire de viol doublé de meurtre sur une vieille femme, amie de sa mère. Bien qu’il ait nié les charges retenues contre lui, la chambre criminelle, premier degré, près la Cour d’appel de Kenitra l’a condamné à trente ans de réclusion criminelle. Un jugement qui a été révisé par la même chambre, mais en deuxième degré, pour qu’il soit acquitté pour manque de preuve et libéré le mercredi 26 avril 2006. Un acquittement qui a mis tous les habitants de la ville d’Ouazzane en émoi. Personne n’a cru à son innocence. Après sa libération, il récidive et commet un autre crime.

La victime est cette fois-ci une petite fille de quatre ans. Comment il a perpétré son crime ? L’affaire remonte au 17 mai. Vers midi. La petite Khadij Al Hamri jouait devant sa demeure située au quartier Lamriteh en ancienne médina à Ouazzane. Une trentaine de minutes plus tard, sa mère, Jamila Sayhi, est sortie de chez elle pour l’appeler. Khadija devait rentrer chez elle pour déjeuner. Mais Khadija n’y était pas. Ses parents ont beau chercher, nul trace de la fille. La mère a soupçonné Saleh. Sans tarder une seule seconde, elle s’est précipitée vers le commissariat local pour déposer une plainte contre lui. Cependant, elle ne disposait d’aucune preuve. La police lui a demandé de retourner le lendemain. Jeudi 18 mai, en début d’après-midi, les policiers ont accompagné la mère au domicile de Saleh. Ils ont frappé à la porte. Il n’y était pas. «Je crois qu’il se trouve dans le jardin Lalla Mina», les a informés l’un des habitants qui l’a vu sortir de chez lui, un magnétophone à la main et des écouteurs aux oreilles. Les policiers ont défoncé la porte pour rentrer.

Une odeur nauséabonde emplissait l’air. Ils ont monté les escaliers donnant accès à sa maison sise au premier étage. Près d’une poubelle, ils ont découvert le corps de la fillette, toute nue et la tête fracassée. Aussitôt, les policiers se sont rendus au jardin «Lalla Mina» pour découvrir Saleh étendu, à plat ventre, en train d’écouter la musique. Arrêté, il a avoué être l’auteur de cet odieux crime. Il a expliqué aux enquêteurs qu’il est arrivé à convaincre la petite Khadija à faire des courses chez l’épicier du coin. Il l’a emmenée ensuite chez lui, l’a violée puis lui a cogné violemment à trois reprises la tête contre la fenêtre de sa chambre. Après quoi, il a mis le feu dans ses vêtements et a mis son corps près de la poubelle, en attendant que vienne le moment opportun pour s’en débarrasser.

Baba Saleh a tenté vainement de se disculper devant la Cour. Le seul avocat constitué dans le cadre de l’assistance judiciaire a exprimé ses regrets d’être appelé à défendre un monstre impliqué dans une affaire assez atroce.

Après trois heures d’examen du dossier, le tribunal a rendu son verdict vers 13 h du lundi dernier en condamnant Baba Saleh à la peine de mort. Le père de la victime, Mohamed, a exprimé, dans une déclaration à ALM, son profond soulagement après l’annonce du verdict. « Il ne méritait que la peine de mort et rien d’autre », a-t-il affirmé. La sentence a été saluée par Najia Adib, présidente de l’association «Touche pas à mon enfant» qui s’est constituée partie civile.

Par : Abderrafii ALOUMLIKI

Aujourdhui.ma

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