Massacre à douar Sekouila

D’abord, personne n’a su pourquoi il a gardé fermé, ce matin, son commerce. Ses parents lui ont posé la question. Mais il a gardé le silence. Vers 10h, il a saisi deux coutelas qui ressemblent à des épées et s’est apprêté à sortir. Sa belle-sœur, qui a remarqué ses yeux rouges comme des braises, l’a supplié de laisser les armes blanches avant de regagner son commerce. En vain. Au contraire, dans un état hystérique, il l’a attaquée violemment au point qu’elle s’est renversée par terre. Ne sachant plus quelle mouche a piqué son fils, le père l’a supplié de se calmer, de retrouver la raison et de déposer les deux couteaux. Comme s’il avait les oreilles bouchées, Azzedine est sorti de chez lui en hurlant comme un monstre déchaîné. Son père tentait encore de le pousser à se débarrasser de ses armes blanches. Mais il n’en est pas arrivé. Pire encore, Azzedine les brandissait comme s’il s’apprêtait à une guerre. Hicham Sahili, son ami et voisin, qui venait de sortir de chez lui, s’est étonné de ce qu’il a vu. Il n’a jamais imaginé voir son ami, d’habitude tranquille, dans un pareil état d’hystérie. Il a vu même le père qui essayait de le retenir. Rapidement, il s’est dirigé vers lui, l’a prié de retourner chez lui et de ne pas commettre l’irréparable. Mais Azzedine ne lui a pas permis de s’approcher de lui. Au contraire, il l’a attaqué et lui a asséné quelques coups de couteau. Blessé gravement au niveau de l’oreille, au bras et à la main gauche, Hicham s’est effondré. À bord d’un petit taxi, il a été évacué rapidement vers l’hôpital Sidi Bernoussi. Ses blessures ont nécessité une intervention chirurgicale d’urgence. Pendant ce temps-là, Azzedine continuait à brandir ses couteaux et à blesser les passants. Entre autres, Yassine était à la rue du douar avec une petite fille de sa famille, quand l’assaillant l’a croisé. Sous la menace des couteaux, Azzedine lui a ordonné de se tenir à sa place et d’éloigner la petite fille. Tremblant, il s’est exécuté. S’approchant de lui, Azzedine lui a asséné des coups de couteau avant de continuer son chemin à la recherche d’une autre victime. Et c’est Zahra Dahbi, une quinquagénaire, revenant du marché qui fut surprise par le jeune forcené. Azzedine l’a obligée à se tenir devant lui. Un voisin, Taybi Jarmouni, est intervenu dans l’intention de la sauver. Mais Azzedine, qui semble avoir perdu tous les fils de raisonnement, l’a lardé de coups de couteau. Il l’a blessé grièvement au niveau de la poitrine, du visage, du bras droit et de la cuisse gauche. Après quoi, il s’est tourné vers la quinquagénaire qui le suppliait de la relâcher. Malheureusement, il s’est acharné sur elle en lui assenant deux coups de couteau au niveau de la poitrine. Et il a continué à semer la terreur parmi les passants tout en frappant par ses deux couteaux à gauche et à droite. Au total, il a fait douze victimes dont l’une a rendu l’âme. Il s’agit de Hicham Sahili. Six victimes ont été évacuées à l’hôpital Sidi Bernoussi et cinq autres à l’hôpital Ibn Rochd. Le forcené s’est enfin livré à la police de Sidi Bernoussi de son plein gré. Qu’est-ce qui lui était arrivé au juste ? «Je ne me souviens de rien…», a-t-il affirmé aux policiers qui l’ont conduit, jeudi, devant le parquet général près la Cour d’appel de Casablanca. L’énigme persiste.

Abderrafii ALOUMLIKI

Aujourdhui.ma

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