Dans ce contexte, le plan d’action semble présenter quelques défaillances, en ce sens que certaines mesures qui y sont tracées « se prêtent difficilement à la quantification », indique la DEPF. Et d’ajouter que «c’est le cas de divers aspects liés aux réformes». Par ailleurs, l’on reproche au rapport ficelé par la Commission européenne, dans ce cadre, de ne pas mettre en avant l’étude comparative des divers plans d’actions, « en vue d’établir une certaine hiérarchisation au niveau des pays partenaires».
Autre bémol. La même source considère que la politique européenne de voisinage et son corollaire, le plan d’action, seraient plus crédibles et plus efficaces s’ils venaient à offrir une plus grande visibilité financière. Cette visibilité étant considérée, de par là même, comme étant «nécessaire à leur réussite». Un autre point, qui a été mis en avant par la DEPF, concerne celui des ressources déployées dans le cadre des perspectives financières pour la période 2007-2013. Dans ce sillage, les analystes du ministère de l’Economie et des Finances soulignent qu’il y a lieu de renforcer ces fonds prévisionnels. « À cet égard, l’instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) destiné à financer les mesures prévues dans les différents plans d’actions mérite d’être revu en qualité et en quantité », précisent-ils. Soulignons également que, d’après la même source, la politique de voisinage Maroc –UE présente un risque certain pour le projet de coopération Euromed. En ce sens que ce dernier est menacé de «dilution». A ce titre, les analystes trouvent qu’une « discrimination positive à l’instar de la proposition française d’allouer 60% du nouvel instrument financier de voisinage à la coopération méditerranéenne serait souhaitable, compte tenu de la priorité stratégique que constitue la Méditerranée pour l’Europe».
Dans un autre contexte, qui dit libre-échange dit bien libre circulation. Aussi, la politique de voisinage se présente comme pauvre en réponses concrètes quant aux « diverses distorsions portées à la liberté de circulation des personnes », ajoute la DEPF. Et d’expliquer que « ces distorsions, susceptibles de freiner la libéralisation du commerce des services, pourraient vider de sa substance la constitution d’un espace régional de libre-échange. Dès lors, une politique migratoire constructive dans un contexte de complémentarité démographique mérite d’être placée au centre des préoccupations des deux parties ». Au delà de toutes ces critiques, l’Union européenne se trouvant dans une conjoncture internationale où ses problèmes économiques et sociaux, ajoutées à l’émergence de nouvelles puissances économiques seraient de nature à affaiblir sa position sur l’échiquier mondial, si elle n’arrive pas à les dépasser et à se reconstruire comme acteur majeur de l’économie mondiale pour être attrayante pour l’ensemble de ses pays voisins partenaires. En guise de rappel, soulignons que le Maroc figure, avec la Moldavie, l’Ukraine, la Tunisie, la Jordanie, Israël et l’Autorité palestinienne, parmi les premiers pays ayant établi un plan d’action avec l’Union Européenne. Adopté par l’Union européenne le 27 juillet 2005, ce plan d’action a fait l’objet d’une évaluation à mi-parcours qui fait apparaitre les avancées notables réalisées par la Maroc en matière d’accélération des réformes institutionnelles et de modernisation économique. Rappelons également que le Maroc est le principal pays bénéficiaire de l’assistance financière de l’Union européenne, au vu des montants qui lui sont alloués et qui se chiffrent à 654 millions d’euros sur la période 2007-2010.
Meriem Allam
Aujourdhui.ma