Elle s’ajoute à celle prononcée, sur les colonnes du Matin du 27 septembre dernier, par le nouveau secrétaire général de la centrale syndicale, Abderrahmane Azzouzi.
Ce dernier avait souligné : Au sein de notre organisation, nous tenons tous à respecter un principe fondamental, celui de la démocratie interne. Toutes nos décisions doivent faire l’objet d’un consensus. J’avais quitté la Confédération démocratique du travail (CDT) dont je suis membre fondateur, en raison du manque de cette démocratie interne.
Ces deux déclarations des responsables socialistes ont mis le feu aux poudres. Certains membres de la FDT contestent l’élection du nouveau secrétaire général et dénoncent la mainmise de l’USFP sur les structures organisationnelles et décisionnelles du syndicat. Et c’est El Houssaine Kafouni, membre du conseil national de l’USFP et de la FDT, qui explique les tenants et les aboutissants de ces contestations.
«Si, à la naissance de la FDT en 2003, le bureau politique présidé par Abderrahmane Youssoufi à Casablanca a piloté l’opération de désignation du bureau central de la FDT, idem après le 2e congrès en septembre 2005, sous la présidence cette fois-ci de Mohamed El Yazghi à Rabat, pour désigner le bureau central.
Que s’est-il passé exactement quant à la désignation à une vitesse vertigineuse de ce 3e bureau central à la cocotte-minute, à peine 48 heures après la démission de Tayeb Mounchid, alors que ce sont ces mêmes personnes qui ont géré les affaires de la FDT en l’absence de ce dernier durant une année», s’interroge-t-il.
«Si un parti politique tel l’USFP a le devoir de soutenir la classe ouvrière laborieuse dans ses luttes, dans la formation de ses cadres, la constitution des dossiers et l’élaboration des études à caractère économique et social, il ne peut en aucun cas se substituer aux structures organisationnelles et décisionnelles d’une centrale syndicale appelée à défendre les intérêts de la classe ouvrière toutes sensibilités confondues», s’indigne M. Kafouni.
En effet, il n’est un secret pour personne que la FDT, formée des dissidents de la centrale de Mohamed Noubir Amaoui (CDT), était venue pour barrer la route à celle-ci. La CDT, création aussi de l’USFP, était le syndicat le plus virulent vis-à-vis de ce parti politique. A l’époque, les responsables du nouveau syndicat disaient que la FDT, dirigée par Tayeb Mounchid, membre du bureau exécutif de l’USFP, est née de cette volonté de pluralité syndicale dont le Maroc a fait le choix.
Le secrétaire général de l’USFP avait alors déclaré : «…Nous avons choisi de soutenir le syndicat, sans intervenir dans ses affaires internes… Nous veillons aussi à l’indépendance du parti, parce que le parti s’occupe des affaires nationales et non d’affaires sectorielles…». Or, l’indépendance du parti n’était pas perceptible lors de l’élection du nouveau secrétaire de la FDT, selon M. Kafouni qui indique : «On parle de l’élection du secrétaire général à l’unanimité et de l’application de l’article 32 du statut de la FDT.
Qui veut-on leurrer ? C’est faux dans la mesure où cet article concerne plutôt le moment de la tenue du congrès, et c’est faux quand on sait que M. Effina, responsable des relations internationales, et M. Ioui, chargé de l’organisation et des conflits, tous deux secrétaires généraux de syndicats importants, ont boycotté la réunion, sans parler des autres absents.»
En effet, Driss Effina, secrétaire général du syndicat sectoriel du bâtiment et membre de la commission technique chargée de la réforme des systèmes de retraite, que nous avons contacté, a confirmé que «la FDT est une création pure et simple de l’USFP». Seulement, il se demande si le nouveau secrétaire général dispose du droit de signer les chèques de la centrale syndicale, sachant qu’il n’est pas trésorier. «Il n’a pas l’habilité de les signer.
Il ne veut pas nous montrer les comptes de la FDT, ni faire de déclaration de patrimoine», s’indigne-t-il. Plusieurs membres contestataires appellent à la tenue de la réunion du conseil national de la FDT pour évaluer les résultats jugés «catastrophiques» des élections pour le renouvellement du tiers des membres de la Chambre des conseillers et ceux du dernier congrès.
Le conseil national devrait également débattre de la question du limogeage «illégal» de M. Effina, membre du bureau central de la centrale syndicale. Abderrahmane Azzouzi était injoignable samedi et dimanche.
Nous y reviendrons.
El Mahjoub Rouane
LE MATIN