Les membres de la cellule Fath Al-Andalus déférés devant le tribunal de Salé

Une remarquable coopération entre les services marocains et leurs homologues espagnols a permis de mettre hors d’état de nuire récemment cette cellule considérée parmi les plus dangereuses au Maroc. L’appellation de cette cellule, «Fath Al-Andalus», donne une première clef de réflexion sur ses cibles potentielles. «La dénomination Fath Al-Andalus donne de bonnes raisons de croire que cette cellule projetait de perpétrer des attentats terroristes contre les intérêts espagnols au Maroc», présume Mohamed Darif, spécialiste des réseaux islamistes au Maroc, dans une déclaration à ALM. Le chercheur rappelle que, déjà en 2006, un réseau basé en Espagne et portant la même dénomination avait appelé dans un communiqué à «la reconquête de l’Andalousie musulmane», suscitant alors de fortes inquiétudes chez les autorités espagnoles. Les services de sécurité marocains, qui ont annoncé fin août et début septembre le démantèlement de cette cellule, ont affirmé que ses membres avaient «tissé des liens opérationnels avec des extrémistes étrangers inféodés à l’organisation Al Qaïda», sans toutefois préciser l’origine des «extrémistes étrangers». Pour rappel, le terroriste Ayman Al-Zawahiri, bras droit d’Oussama Ben Laden, avait appelé en 2007 les «fidèles» d’Al Qaïda, notamment ceux établis au Maghreb, et dans le sud de l’Europe, à proclamer le Jihad pour «reconquérir l’Andalousie musulmane». «C’est ce qui explique l’action des services espagnols depuis cette date jusqu’à l’annonce du démantèlement au Maroc de la cellule Fath Al-Andalus», observe Mohamed Darif, qui n’exclut pas l’hypothèse que cette cellule «projetait de perpétrer des attentats terroristes contre les villes marocaines occupées de Sebta et Mellilia».

Maintenant, reste la question sur le choix de Laâyoune comme quartier général de la cellule incriminée. Pour étrange que puisse paraître ce choix, il n’en demeure pas moins qu’il a été bien étudié. Un observateur évoque, entre autres thèses, «la facilité d’accès aux îles Canaries», «la proximité de la Mauritanie», et «la porosité des frontières algériennes», notamment le sud-ouest algérien livré en pâture à toutes sortes de marchandages, plus particulièrement le trafic d’armes. Et puis, il y a le climat de liberté dont jouissent les provinces du Sud, surtout Laâyoune, qui sont restées généralement à l’abri des menaces terroristes. En 2007, un seul groupuscule terroriste venait donner l’alerte. Il s’agit du dénommé «Ansar Al-Islam fi Assahra oua bilad al-moulattamin». Mais là encore, ce groupuscule, qui prit racine dans le Sahara, ne visait pas tant les provinces sahariennes que l’Espagne, sachant bien que ce même groupuscule avait pour objectif déclaré «la reconquête de l’Andalousie».

Les 15 personnes appartenant à cette cellule sont dans leur majorité de simples commerçants. «Depuis les événements terroristes du 11 septembre, l’organisation Al Qaïda table sur des personnes superbement inconnues pour mettre à exécution ses attentats», explique un analyste. «Il n’est donc pas étonnant de constater que les 15 personnes qui constituent le noyau dur de la cellule «Fath Al-Andalus» sont des gens inconnus», affirme notre source. Et d’ajouter : «Il est également prudent de la part de l’organisation Al Qaïda de recruter des agents dont le dossier judiciaire est vierge». Parmi les 15 personnes arrêtées, figurent Ajmal Rachid (couturier, 29 ans), les frères Ben Amara : Abdelmoula (marchand, 23 ans), Ismaïl (commerçant, 26 ans), et Abdelaziz Haram (ancien soldat, 1983).

M’Hamed Hamrouch

Aujourdhui.ma

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