Cela avait, d’ailleurs, fini par instaurer un sentiment d’insécurité chez les médecins où chacun prenait des précautions pour ne pas être la prochaine victime. Certains sont allés jusqu’à installer des caméras à leur domicile. Ce qui intriguait le plus les médecins est le professionnalisme avec lequel ces hors-la-loi commettaient ses infractions avant de se retirer sans laisser de trace.
C’est ainsi qu’ils se présentaient aux domiciles comme étant des employés d’une société de téléphone ou d’électricité venant réparer une panne à la maison. Le fait de cibler les médecins et leur domicile laisse songeur. Certains ont subi même des vols à répétition depuis moins d’un an.
Préoccupés par cette situation, les médecins interpellent les éléments de sécurité à organiser des patrouilles de police pour dissuader les voleurs. Ces vols engendrent des conséquences psychologiques pour les victimes qui se sentent de plus en plus dans l’insécurité lors de l’exercice de leur fonction ou même dans leur domicile.
«La peur de voir surgir des éléments étranges armés d’armes blanches venant dérober la caisse me hante depuis que j’ai été victime d’un vol ici même dans mon cabinet», déclare un médecin.
Sans vouloir noircir le tableau, un médecin témoigne qu’«en quinze ans d’activité sur Mohammedia, je n’ai jamais vu ça».
Le dernier vol en date a été perpétré contre le domicile d’un médecin.
«Les voleurs se sont présentés à mon domicile comme étant deux agents qui veulent réparer le téléphone. Ils ont, par la suite, ligotés la bonne et dévalisé la maison. Je les ai, heureusement, surpris et les poursuites ont permis de les arrêter et déférer devant la justice», précise un autre médecin.
Le plus frustrant pour les victimes, c’est que les agents de police ne sont jamais là lorsque les vols surviennent, mais quand tout est fini. Et là commence l’interminable va-et-vient vers les locaux de la police pour faire des déclarations de vols et d’autres démarches.
Cela ne plaît pas forcément aux victimes qui ne disposent pas du temps, vu leurs engagements professionnels.
Aujourd’hui, les médecins victimes des vols ont peur de porter plainte.
Ils craignent des représailles. Ils ont tous en mémoire le crime perpétré récemment à Khouribga par un repris de justice qui a assassiné deux personnes.
Le meurtrier a été impliqué dans un crime, mais, faute de preuve, il a été libéré par la justice. Il sera entendu par le juge d’instruction le 17 avril prochain.
Sans plainte, il n’y a pas d’action ; sans action, il y a impunité et on entre dans une spirale négative.
Abderrahman Ichi | LE MATIN