Cette tournée intervient conformément à ce qui a été convenu lors du troisième round de négociations de Manhasset sur le Sahara, en janvier dernier. Au terme de leur réunion, les parties avaient convenu de se retrouver du 11 au 13 mars à Manhasset pour un quatrième round de négociations.
Réuni, lundi, pour examiner l’affaire du Sahara dans le cadre d’une séance de consultations, le Conseil de sécurité de l’ONU a salué l’engagement des parties aux pourparlers à avancer vers des négociations plus intenses et plus substantielles. Le Conseil de sécurité a aussi exprimé son soutien à l’initiative de Peter van Walsum, l’envoyé personnel du Secrétaire général de se rendre dans la région pour des consultations approfondies afin de préparer la prochaine rencontre des parties à New York.Il faut rappeler que, depuis le lancement du processus de Manhasset, les délégations du Maroc, du Polisario, de l’Algérie et de la Mauritanie se sont rencontrées à trois reprises les 10 et 11 juin, les 18 et 19 août 2007 et les 7, 8 et 9 janvier 2008. Des réunions qui ont eu lieu sous la direction du médiateur onusien.
Au terme de la réunion du Conseil de sécurité, l’ambassadeur, représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, El Mostapha Sahel, a indiqué que le Maroc réaffirme sa volonté d’entrer dans des négociations sérieuses et substantielles, espérant que les autres parties saisissent l’occasion historique offerte par l’initiative marocaine d’autonomie pour la région du Sahara. «Le Maroc, soucieux d’épargner à la région du Maghreb les affres de l’insécurité et de l’instabilité, réaffirme sa disposition à entrer dans des négociations sérieuses et substantielles et à discuter tous les détails en vue de faire avancer le processus de négociations et parvenir, au plus vite, à un règlement de ce différend artificiel, qui n’a que trop duré, dans le respect de la souveraineté du Maroc sur son Sahara et la préservation de son intégrité territoriale », a-t-il indiqué dans une déclaration à la MAP. Le problème, selon les déclarations de l’ambassadeur du Maroc, ne se trouve pas du côté du Maroc mais bien dans le manque de volonté de l’autre partie. « Le Royaume nourrit l’espoir que les autres parties saisissent la profondeur et la dimension de l’initiative marocaine qui constitue une occasion historique et qu’elles s’engagent dans ces pourparlers de manière sérieuse et responsable », a-t-il dit avant d’appeler le Polisario et l’Algérie à « cesser de propager des contrevérités et prôner l’escalade, attitude qui ne servira nullement, de l’avis de l’ensemble de la communauté internationale, le processus de négociations en cours ».
Un appel auquel l’envoyé onusien souscrit aussi mais qu’il lance avec la finesse diplomatique que lui reconnaissent les délégations participant au processus. À la veille de son déplacement dans la région, il a insisté sur « la nécessité de poursuivre de bonne foi le processus de pourparlers conformément à l’appel du Conseil de sécurité dans ses résolutions 1754 et 1783 », tout en mettant l’accent sur sa visite prochaine dans
la région.
Une bonne foi que le Conseil de sécurité a reconnue à la partie marocaine dans la résolution 1754 en se félicitant « des efforts sérieux et crédibles » entrepris par le Maroc « pour aller de l’avant vers un règlement » de la question du Sahara.
Analyse
Depuis le début du processus de négociation à Manhasset, tant les participants que le médiateur savent que la délégation du Polisario n’a aucune marge de manœuvre qui lui permettrait de prendre les décisions nécessaires pour avancer dans les négociations. La délégation algérienne, qui participe à la rencontre, tire les ficelles de loin mais évite d’afficher le fait qu’elle contrôle le Polisario. Le faire à Manhasset serait se trahir en donnant la preuve à la communauté internationale que le vrai adversaire du Maroc est bien le pouvoir algérien. La tournée de Peter van Walsum permettra aux Algériens d’entrer avec lui dans le vif du sujet. Recevoir un médiateur chez soi permet de parler, dans l’intimité, de choses qui ne peuvent être abordées en public. Selon les analystes, le sujet qui préoccupe les Algériens et qu’ils vont aborder avec Van Walsum est celui de la compensation que leur pays obtiendrait en contrepartie de son acceptation d’une solution politique au conflit du Sahara. La réponse à cette question permettra de donner une autre tournure aux négociations lors du rendez-vous de mars prochain.
Omar DAHBI
Aujourdhui.ma