Hicham Lasri , malgré son jeune âge, est scénariste et réalisateur de courts-métrages comme «Jardin des Rides» (dont l’avant-première a eu lieu au Rialto le 17 juillet 2006), «Ali J’nah Freestyle», «Lunati(K)a», «Géométrie du remords », directeur artistique et directeur d’écriture de La Film Industry, membre de : l’Union des Ecrivain du Maroc, l’association des critiques de cinéma au Maroc de l’Association Aflam, de la cellule création de La Fondation des Arts vivants entre autres.
Aujourd’hui, c’est le coup d’envoi du tournage de «L’os de fer», le dernier de Hicham. Dans le cadre du projet Film Industry, le tournage se passera à Agadir et se terminera au cours du mois de septembre. Il s’agit de l’histoire de trois oualed derb* (H, Mikhi et Mouloud) qui prennent en otage un bus, pour obtenir les 100 dirhams dont Mouloud a besoin pour continuer ses études à la fac.
Par ce film, Hicham, qui en assure le scénario et la réalisation, porte un regard critique sur le Maroc contemporain et nous laisse entrevoir le malaise d’une génération mais également les promesses d’avenir qu’elle s’est fixée. Pour illustrer cette idée, un extrait du scénario en dit long sans en avoir l’air.
Mekhi, un des personnages principaux de la fiction, s’explique : «Tu sais Steeltoe… nous sommes une génération qui n’a ni colonisateur à qui résister… ni guerre à mener, ni route l’Wahda à bâtir… ni marche à “verdoyer”… On n’est même pas Amazigh pour monter au front… la Palestine est loin, l’Iraq aussi… on n’a pas fait d’études pour faire des sit-in devant le Parlement et puis la fonction publique c’est de la merde ! Alors on traverse la vie comme d’autres traversent… la Méditerranée sur des portes en bois : clandestinement !»
Dans un souci de cohérence avec le contenu du script, les musiques sélectionnées par Hicham sont des créations d’artistes qui partagent un discours contestataire, l’attachement au Maroc, l’appropriation de la Darija, autant que leur talent musical et leur aptitude à concilier les rythmes traditionnels et les tendances actuelles en terme de styles, de mélodies et de textes.
De Nass El Ghiwane, Jil Jilala à Hoba Hoba Spirit, Bigg, Amarg Fusion et Abs, les artistes se mêlent et se complètent dans l’imaginaire collectif pour constituer une fresque contrastée à l’image du Maroc.
«L’Os de Fer» est un ambitieux projet qui veut également révéler au public le terreau de jeunes talents présents sur la scène Hip Hop marocaine. Les rappeurs sont nombreux à soutenir le projet : Fnaïre, Bigg, H-Kayne, Koman, Rass Derb, Casa Crew, Fes city clan, Hel-LMkane, Stylsouss, Awah, Ahmed Sultan, Negus4ever, Outcry,… Le film sera ponctué par des «featurings musicaux» de certains de ces artistes.
Comme pour bâtir un pont entre les gens de la musique et ceux du cinéma, il est aussi question de tourner, dans un avenir proche, un certain nombre de clips pour accompagner l’évolution de cette vague musicale qui prend de plus en plus d’espace au-devant de la scène nationale, voire internationale.
•oualed derb : enfants du quartier.
Mustapha Bourakkadi
LE MATIN