Le pervers sexuel enfin identifié

Vendredi 3 juin 2005 a été un jour noir pour Philippe Servaty, journaliste du célèbre quotidien Belge Le Soir . Ce jour-là, le journaliste, jusque-là insoupçonnable, a été mis à la porte, sans aucun préavis, par la direction générale de la publication belge pour ses implications avérées dans le scandale pornographique qui a secoué la ville d’Agadir. La conversation tourne court entre le journaliste et ses responsables hiérarchiques qui lui ont signifié clairement qu’ils ne veulent plus de lui. Philippe Servaty s’exécute, comme un vulgaire criminel, mais reste toutefois calme. Il rédige sa démission et la dépose à la direction. La tête entre les mains, le regard dans le vague, Servaty a déjà un pied en prison. Les raisons ? Il les connaît puisque ses mésaventures, qui ont fait le tour du monde grâce à Internet, l’ont bien rattrapé.

Victime de ses actes lourds de conséquences, douze filles marocaines manipulées sans leur consentement sont jetées aujourd’hui en prison, Servaty sait désormais qu’il devra se débrouiller tout seul sans aucun appui de ses confrères. Une véritable humiliation.

Le visage grave, il disparaît pendant quelques jours, médite sur le sort que lui réservera le destin et maudit le jour où il a décidé de diffuser des photos obscènes sur son site préféré www.worldsexguide.info. Ce même site qui a permis, quelques mois après, aux pirates informatiques, bien de chez nous, d’en faire un CD pornographique en vente libre au Maroc. Quelques jours après, la presse belge s’empare de l’affaire. Les journalistes, faits relatés par la presse marocaine à l’appui, prennent contact avec le consulat du Maroc en Belgique, et relatent avec précaution les démêlés de Servaty avec la justice marocaine (la justice belge pour bientôt). S’ensuit aussitôt une guerre de communiqués de Servaty, qui confia son dossier à un avocat, et la direction générale qui publie dans son édition du jeudi 9 juin la mise au point suivante : C’est une honte pour notre journal qui se considère aujourd’hui comme l’une des victimes de ces faits dont nous avons pris connaissance récemment, à notre extrême stupéfaction, confie, terrifiée, peu après Béatrice Delvaux, la rédactrice en chef du quotidien Le Soir. Contacté par LGM à plusieurs reprises, Servaty n’a pas daigné répondre à nos interrogations. Ce qui a laissé la place au doute de son éventuelle interpellation par la police bruxelloise.

Commission rogatoire

Toutefois, le secrétaire général de la rédaction Le Soir, Jean-François Lanckmans, nous a précisé le samedi 11 juin courant que : Phillipe Servaty a présenté sa démission la semaine dernière. Il ne fait plus partie de la rédaction Le Soir. Pour l’instant, il n’a pas été encore arrêté par la police belge et aucune action judiciaire n’a été engagée contre lui du côté belge… . En tout cas, et selon des sources consulaires bien informées, l’affaire Servaty a bien évolué pour prendre aujourd’hui des allures d’un gros scandale qui a fait intervenir les diplomates des deux pays. Du côté marocain, le ministère de la Justice marocain, dit-on à Rabat, est sur le point de demander une commission rogatoire à son homologue belge, pour auditionner Phillipe Servaty par un juge d’instruction de la place. Sans le vouloir, Servaty est donc devenu malgré lui une star ( sur Internet aussi) qui a déclenché ces derniers jours une crise sans précédent dans les milieux diplomatiques belges au Maroc.

Mais qui est donc ce pervers sexuel qui a pu provoquer ce scandale érotico-pornographique proprement maroco-marocain qui a fait le tour du monde, mettant ainsi en péril l’image et la réputation du pays ? La réponse est dans la question. Toutefois, l’enquête effectuée par LGM dévoile plusieurs zones d’ombre sur la personnalité monstrueuse de Phillipe Servaty et les comportements indécents de ce journaliste pervers qui a choisi la destination d’Agadir pour perpétrer ses forfaits. Son premier déplacement à Agadir, il l’a effectué vers la fin de l’année 1998. Sur place, il découvre la ville, ses endroits branchés, ses restaurants, ses boîtes de nuit, ses cabarets et son monde nocturne très attrayant pour les touristes assoiffés d’aventures sensuelles. De rencontre en rencontre, Philippe Servaty est convaincu plus que jamais qu’il est tombé sur la destination rêvée pour assouvir ses fantasmes les plus ignobles. De retour à Bruxelles, le fou du sexe bruxellois rend compte de son premier périple sexuel sur son site préféré (www.worldsexguide.info) et promet aux internautes de publier des photos pornographiques uniques en leur genre, avec des commentaires détaillés, prises avec des jeunes femmes marocaines à Agadir. Chose faite quelques jours après. Philippe Servaty, ( Belguel pour les internautes) est applaudi par plusieurs de ses fans qui redemandent encore et encore de lui. Il s’inscrit sur plusieurs sites de rencontres, comme belgique-rencontres, easyrencontre, meetic.be, meexup.com… et se présente avec le même pseudo (Belguel ) et parfois (zinno) avec les caractéristiques qui conduisent bêtement à sa véritable identité : homme, 42 ans, journaliste avec Bac+ 6, sensibilité littéraire, séparé avec un enfant, code postal 1190 ( le vrai ! ! !), relation suivie ou mariage, 1m75, 68 kilos, cheveux châtains, yeux verts, signe astrologique : verseau, look mode, non fumeur, restaurants favoris : nord-africains, salaire : 50 000 euros/an, devise : douceur et volupté, et finalement, ses souhaits : une femme cool, aimant les aventures et les découvertes, un brin d’exotisme et de bienvenu… L’offre est alléchante à plus d’un titre et son profil est sollicité par ses victimes, qui n’hésitent pas à prendre attache avec lui pour des éventuelles rencontres au Maroc.

Philippe Servaty est comblé, il multipliera ses déplacements, à chaque fois que l’occasion s’y prête, dans la région pour de nouvelles aventures. Pour lui, chaque voyage au Maroc se prépare bien à l’avance. Il contacte ses futures proies par téléphone ou par Internet, se débrouille de nouveaux contacts, prépare ses rendez-vous, et réserve des logements de là où il habite à 105 avenue Forest à Bruxelles.

Belguel, le fou du sexe

Chacun de ses déplacements apporte son lot de nouvelles photos pornographiques de femmes marocaines prises en plein acte sexuel. On y trouve, la brune, la blonde, la black, la potelé, la mince…, et même plusieurs filles voilées. Ses trophées ont une seule et unique adresse. Belguel est tantôt contesté, tantôt glorifié par certains participants du forum qui s’y prêtent bien au jeu. Certains, comme John Auro ( ce n’est qu’un pseudo ), se déplacera à Agadir en mois de mai 2005, se prend en photo pornographique avec une fille mineure ( sans toutefois dévoiler son visage ), pour les diffuser tout récemment sur la même adresse internet. Fier de son exploit, John Auro racontera les déboires de Belguel au Maroc, traduira, du français à l’anglais, sur le site un papier paru dans un journal marocain sur l’affaire du CD pornographique d’Agadir. L’heure est grave, dit-il en substance, et avertit tous les internautes de faire une trêve, le temps que la tempête se calme. Belguel, lui, change de pseudo, et se fait désigné par des chiffres : membre 2089. Mais, peu avant, il a adressé un message à l’administrateur ( Admin ) du site et lui demande avec insistance de supprimer toutes les photos qu’il avait diffusées sur Internet. Peine perdue. Valeur d’aujourd’hui, les photos circulent toujours sur Internet. Mieux encore.

Mauvaise conscience ?

En voulant se désengager de la responsabilité qu’il pouvait pleinement assumer, le modérateur du forum publie le message de Belguel, tel qu’il lui a été transmis par ce fou du sex, en voici le contenu : j’ai été arrêté la semaine dernière au Maroc et j’ai passé 18 heures dans un commissariat de police pour les photos que j’ai publiées sur votre site… Je ne sais pas comment ils ont pu me localiser à Agadir, mais je pense que c’est l’une de mes amies qui m’aurait dénoncé… En tout cas, la police sait tout sur moi ainsi que sur mes aventures à Agadir. S’ils m’ont relâché, c’est parce que je suis xxxx, et le Maroc a de bonnes relations avec xxxxx. J’ai cru à un certain moment que j’allais payer cher, minimum 5 ans de prison, de ce que j’ai pu faire ici à Agadir. De toutes les façons, les enquêteurs m’ont averti de me tenir à carreau pour ne pas réveiller les soupçons sur cette affaire. Je pense qu’ils veulent arrêter les autres filles, encore libres, que j’ai pris en photo ainsi que les touristes qui s’adonnent à cette activité… De toutes les façons, on m’a obligé de donner les noms de toutes les filles que je fréquentais ainsi que leurs numéros de téléphones. J’espère que vous avez saisi la gravité de cette affaire et je vous demande de retirer toutes les photos que j’ai fait circuler sur internet. Surtout que la majorité des filles ne sont pas des prostituées… . Est-ce le subconscient de Philippe Servaty qui se réveille brusquement ? Certainement pas. Voyant ses mésaventures le rattraper, il a agi ainsi pour sauver uniquement sa peau. Autrement dit, son objectif étant tout simplement de supprimer les pièces à conviction qui peuvent l’identifier à Bruxelles. Les filles embarquées dans cette malheureuse aventure, les vies brisées des familles, la mauvaise réputation du pays, le maudit Philippe Servaty ne s’en soucie point.

Plusieurs mois après le déclenchement du scandale d’Agadir, les victimes du sinistre Servaty ne sont toujours pas revenus. Certaines filles incarcérées, elles sont 12 à être jugées dans le cadre de cette affaire, abandonnées à leur sort ont essayé de se suicider dans leurs cellules à la prison d’Inzegane.

D’autres ne comprennent pas qu’il en soit ainsi alors qu’elles n’ont jamais consenti que leurs photos soient diffusées sur Internet. Les victimes de Philippe Servaty s’accordent toutes à dire qu’elles ont été bien manipulées.

L’une d’entre elles a écrit une lettre à sa famille pour leur expliquer que si elle a accepté de se faire photographiée par Servaty, c’est uniquement parce qu’il lui a promis le mariage. À présent, on en est là. Philippe Servaty est libre de ses mouvements, jusqu’à nouvel ordre, et les autorités officielles des deux pays gardent officiellement un silence assourdissant sur les tenants et les aboutissants de cette affaire qui a fait couler suffisamment d’encre pour qu’elle soit prise au sérieux. Arrivera-t-on enfin à mettre la main sur le coupable identifié et facilement identifiable sur plusieurs sites internet ? Les jours qui viennent seront, en tout cas, décisifs pour Philippe Servaty (alias Belguel).

source:lagazettedumaroc

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