C’est un souci permanent de bon nombre de départements notamment l’Administration des douanes et impôts indirects et le ministère de la Culture qui se sont réunis mardi à Rabat dans le cadre du mois du patrimoine en vue d’échanger les idées et les expériences.
Il devient urgent de lutter contre la déperdition et le trafic du patrimoine culturel mobilier national de plus en plus convoité par les réseaux de trafiquants. Notre pays est, en effet, le carrefour des civilisations entre l’Occident, l’Orient et l’Afrique.
Il est visé car il est riche en patrimoine. Le phénomène a pris des proportions inquiétantes au cours de ces dernières années. Les acquéreurs font appel à des moyens illégaux pour avoir des documents, des manuscrits, des objets d’art, des objets ethnographiques et archéologiques. Maints sites archéologiques dans lesquels les fouilles se sont arrêtées manquent de protection.
Ce qui facilite l’opération de vol des « fortunes patrimoniales». Bon nombre de manuscrits nationaux ont été vendus illégalement. «Les valises diplomatiques et les voyages privés ont été un moyen de les transporter illicitement», n’hésite pas à déclarer à maintes reprises le ministre de la Culture.
Les atteintes aux biens culturels un peu partout dans le monde suscitent une préoccupation grandissante.
Même les Etats les plus riches, dotés des systèmes de sécurité les plus sophistiqués, enregistrent des vols graves dans des musées publics et dans des collections privées, ainsi que des fouilles illicites sur des sites archéologiques protégés ; fouilles qui portent des préjudices irréparables à leur patrimoine archéologique. Les pays les plus pauvres d’Afrique et d’Amérique latine tentent désespérément de s’opposer au vol dans leurs musées et au pillage.
Quelle est donc la solution? Pour lutter contre ce fléau, bon nombre de moyens existent. «Le ministère de la Culture use des moyens juridiques et pratiques à savoir la révision des lois régissant le patrimoine culturel, l’acquisition de nouvelles collections, l’inventaire exhaustif du patrimoine matériel», affirme le ministre de la Culture.
Le ministère de la Culture ne peut pas, à lui seul, tout contrôler. Le personnel de la douane et de la gendarmerie doit être formé pour reconnaître la vraie valeur des objets culturels. Une procédure existe. Si on soupçonne qu’un objet fait partie du patrimoine, il faut l’envoyer au ministère de la Culture pour que des experts le consultent.
Au niveau organisationnel, à travers divers projets, on essaie de trouver une formule de l’organisation des musées au Maroc pour empêcher les trafiquants de poursuivre leur activité illégitime.
La révision de loi s’est avérée une priorité. Le projet de loi 19/05 portant modification et complétant la loi 22/08 relative à la conservation des monuments historiques et des sites, des inscriptions, des objets d’art et d’antiquité a été adopté il y a quelques mois par la première Chambre du Parlement.
Mais, ce texte ne s’intéresse qu’aux objets d’art mobiliers et d’antiquité qui vont être protégés contre la destruction comme les manuscrits. Les sanctions varient entre amendes et peines privatives de liberté, selon la nature du délit. Un particulier qui détient un objet classé est tenu de le préserver et de veiller à le protéger sinon il risque d’être sanctionné.
Ainsi, à titre d’exemple, il doit aviser l’administration concernée de la «délégation» de l’objet à une autre personne dans un délai ne dépassant pas 15 jours. Il est, en outre, strictement interdit de faire sortir les objets culturels mobiliers sans autorisation préalable.
Les monuments historiques restent, cependant, toujours régis par l’ancienne législation. On enregistre un vide juridique flagrant dans ce domaine. Le retard est dû, entre autres, au manque des études et à la faiblesse de coordination entre les parties concernées.
LE MATIN