Il demeure, à ce titre, l’inspirateur et l’initiateur d’une politique économique axée sur la capitalisation de nos atouts, comme la stabilité politique et économique, le renforcement d’un cadre réglementaire, enfin, les dispositions incitatives, juridiques et fiscales.
Les relations personnelles et l’amitié fraternelle qui lient le Souverain aux chefs d’Etat arabes frères, notamment ceux des Emirats Arabes Unis, de Koweït, de Bahreïn, de Qatar et d’Arabie Saoudite, constituent sans conteste non seulement un atout majeur et inégalé mais un socle sur lequel s’articulent aujourd’hui des partenariats solides et porteurs.
La coopération avec les pays du Golfe va chaque année en se renforçant pour déboucher, selon les vœux exprimés de part et d’autre, sur un accord global de libre-échange. Mis déjà à travers des Commissions mixtes, les partenariats stratégiques jouent le rôle de veine jugulaire pour conforter un flux d’échanges et d’investissements diversifiés.
Le Fonds d’Abou Dhabi, pour ne citer que l’engagement exemplaire des Emirats Arabes Unis, est présent dans les domaines de l’irrigation, de l’habitat, de la construction des routes et du tourisme, parallèlement au projet grandiose de Tanger-Med.
Dubaï Holding a mis, en mars dernier, dans l’escarcelle de l’Etat marocain l’équivalent de 12 milliards de dollars et le groupe Emaar plus de 3,1 milliards de dollars pour le développement des principales villes. Dans le même esprit, les groupes Qudra Holding, HTL (Horizon Terminals Limited), filiale de l’ENOC, comme aussi d’autres institutions arabes, renforcent leur ancrage dans l’économie marocaine. Ce qui positionne en effet notre pays comme une destination non seulement attractive mais sûre aux grands investissements internationaux.
Abstraction faite des opérations de privatisation ayant touché ces dernières années des secteurs importants comme les télécommunications, la Régie des tabacs et le tourisme, on a assisté à un mouvement considérable d’investissements, nationaux et internationaux.
Et pour ne parler que des trois dernières années, on est en droit de souligner que les investissements en provenance des pays arabes – notamment des Emirats Arabes Unis, de Koweït, de Bahreïn et de Qatar – ont connu une réelle montée en puissance.
Ils sont venus renforcer ainsi une vision, une option qui constitue de nos jours l’un des traits majeurs de l’économie nationale qui s’appuie aussi sur des investissements nationaux, aussi importants et significatifs, diversifiés et inscrits enfin dans la dynamique globale du développement multiforme.
C’est peu dire, dans ces conditions, que l’économie marocaine connaît une transformation sans précédent depuis dix ans. Le marché financier – grâce entre autres à la libéralisation – a doublé de taille tout simplement, le volume d’investissements nationaux ou étrangers, publics, à travers le Fonds Hassan II, ou privés, s’élevait il y a deux ans à quelque 20 milliards de dollars et atteignait à cet effet un point de non retour.
Aujourd’hui, un tel chiffre peut aisément être dépassé tant les projets de développement se multiplient et se diversifient. En témoignent, dans ce contexte, les multiples chantiers lancés ou en cours de finalisation par S.M. le Roi Mohammed VI. Ils touchent à tous les secteurs du développement et mettent en œuvre une politique volontariste où l’investissement – qui est à présent le nerf de la guerre – joue un rôle essentiel.
Le chantier de Tanger-Med incarne à cet égard le projet phare d’où, conjuguant les efforts de l’Etat à l’investissement diversifié et massif, surgira un modèle de zone franche inédit, jumeau aussi de grandes places maritimes comme celui de Jbel Ali à Dubaï, Malaga ou Rotterdam. Le lancement des projets autoroutiers, portuaires, infrastructurels, l’impulsion donnée également à l’habitat, social et autres à travers toutes les provinces, participent tous d’une dynamique qui change radicalement le visage du développement national et accélère la modernisation du pays.
Une telle dynamique n’aurait pu voir le jour ni même être conçue si, auparavant, une vaste réforme institutionnelle, juridique, sociale et technique n’avait pas été mise en œuvre pour offrir le meilleur cadre aux investisseurs nationaux et étrangers. Du Code d’investissement au Code du travail, en passant par la réforme fiscale et l’assainissement de l’environnement économique, le champ a été à la fois tracé et clarifié. Et ce n’est pas par hasard que les opérateurs internationaux, quelle que soit leur provenance, s’accordent à dire que le Maroc offre toutes les opportunités d’investissements et d’implantation, et choisissent délibérément d’y installer leurs activités. Les grands groupes industriels européens, notamment français, ont décidé tour à tour de s’y implanter et d’y «délocaliser» leurs activités.
Les call center y trouvent également, depuis des années déjà, un terrain attractif à nul autre pareil…Il est opportun de rappeler également l’ancrage du Maroc dans l’économie mondiale à travers les accords de libre-échange, signés avec les Etats-Unis, l’Egypte, la Jordanie et la Tunisie, et l’accord d’association avec l’Union européenne, conforté par le «statut avancé» qui fait de lui un partenaire incontournable. Peut-être même se hasardera-t-on de nos jours, à la lumière de ces avancées stratégiques, à dire qu’il s’agit ici de l’émergence d’un modèle marocain !
C’est d’autant plus justifié, en effet, que privé de richesses pétrolières et de la manne des pétrodollars, le Maroc met en valeur ses propres atouts et la créativité de ses hommes et femmes. Le lancement le 17 mai 2005 par S.M. le Roi de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) s’inscrit dans le cadre du renforcement de cette vision. L’INDH est devenue l’un des leviers majeurs de la croissance, l’expression vivante et opératoire de la lutte contre la pauvreté, l’exclusion et la marginalisation. Il convient de mettre en exergue la remarquable cohérence qui caractérise, depuis quelques années maintenant, le développement multiforme de l’économie nationale, appuyé aussi sur la valorisation de potentialités qui lui sont propres. Le plan Emergence en décline les traits saillants sous forme de «niches» porteuses de plus-values, de richesses et de technologies.
L’offshoring et l’onshoring y trouvent une place de choix, car ils constituent des facteurs d’autant plus incitatifs que l’économie mondiale, débarrassée des frontières d’antan, délocalisée et globalisée, est en quête de plateformes et de places plus clémentes… L’onde de choc de l’économie mondiale n’épargne guère notre pays, lancé du coup dans un défi modulant ses instruments comme beaucoup d’autres qui adhèrent au credo d’une mondialisation humaine.
Le fait aussi que d’importants investisseurs internationaux, notamment en matière de tourisme, choisissent le Royaume du Maroc pour y implanter de grands projets, témoigne surtout de la confiance manifeste qu’ils font à son modèle, à ses institutions. Il devient évident que notre pays est aujourd’hui une destination prisée.
Une prise de conscience des opérateurs nationaux devient donc d’autant plus impérative que leur participation reste inégalée, nécessaire et décisive pour la réussite du modèle d’ouverture, sous peine de verser dans le syndrome de l’inertie autarcique.
Mohamed Jouahri
LE MATIN