Le dernier maillon autoroutier nord-sud, aujourd’hui une réalité en devenir

De l’avis de plusieurs acteurs de la place, c’est un projet stratégique, catalyseur et prometteur qui va permettre à la région Souss-Massa-Draa de se doter d’une autoroute à la hauteur de sa réputation de grande zone exportatrice.

Le projet est en cours de réalisation et les travaux vont bon train.

Population, usagers et acteurs économiques ont fait part, à la MAP, de leur satisfaction de voir ce grand projet vital prendre forme après des années d’attente.

Ils ont souligné la grande valeur ajoutée qu’une telle entreprise apporterait à la région et plus particulièrement à la ville d’Agadir que ce soit sur le plan économique, touristique ou de sécurité routière.

L’autoroute tombe à point nommé pour désengorger la liaison routière actuelle, devenue inadaptée, dans sa configuration à cause de nombreux virages avec une circulation qui mélange trafic national et international, confie Ahmed G., un cadre en permanent déplacement entre son lieu de travail à Agadir et son domicile à Marrakech.

Imaginez-vous être obligé à cause d’un cortège de camions et en l’absence de toute possibilité de dépassement, de rouler en période de canicule, de longues distances à une vitesse en dessous de la normale, c’est chose stressante et insupportable, s’est-il indigné.

Je fais plusieurs fois par semaine la nationale N8, c’est une route relativement dangereuse et peu pratique, voir inappropriée au trafic des camions, a renchéri Mustapha S. chauffeur d’un camion de transport international.

La densité de la circulation et les comportements de certains conducteurs peu habitués à cette route sont souvent à l’origine d’accidents meurtriers, a-t-il fait remarquer.

L’autoroute Agadir-Marrakech sera d’un grand apport à la ville d’Agadir en particulier et la région de Souss-Massa-Draa en général que ce soit sur le plan économique ou touristique, estime un journaliste d’une publication locale.

La N8 demeure insuffisante, malgré les travaux de réaménagement qu’elle a connus dernièrement, sachant que la région connaît actuellement un essor économique et touristique considérable qu’une infrastructure routière solide ne ferait que renforcer.

Dans un entretien accordé à la MAP, le directeur du centre régional d’investissement (CRI) d’Agadir, M. Karim Kassi Lahlou a, de son côté, mis l’accent sur l’importance du transport terrestre pour la région Souss-Massa-Draa, rappelant que la décision royale d’accélérer la réalisation de l’autoroute Agadir-Marrakech a été accueillie par la population avec beaucoup d’enthousiasme puisqu’elle va permettre de désenclaver la région dans son ensemble.

Sur le plan économique, M. Lahlou a indiqué que le désenclavement de la région à l’aide de cette autoroute contribuera à améliorer la chaîne logistique et, partant, les conditions de l’export, ce qui aura des impacts positifs sur la qualité et le prix du produit national et permettra aussi de répondre, dans les meilleurs délais, aux exigences du marché étant donné que le coût du transport est proportionnel aux délais d’acheminement de la marchandise.

La réalisation de ce projet aura également un effet positif sur le premier secteur pourvoyeur du PIB et de richesse, à savoir le tourisme qui connaît aujourd’hui un développement soutenu avec une affluence importante par voie terrestre des touristes nationaux et étrangers, dont le nombre augmentera sans aucun doute avec l’entrée en service de la liaison autoroutière.

L’autoroute va drainer davantage d’investissements

Une fois opérationnel, ce projet de grande envergure donnera également naissance à un nouveau produit à savoir Agadir-Marrakech, un package balnéaire et culturel de premier ordre, a indiqué M. Lahlou, ajoutant que la connexion entre les deux premiers pôles touristiques du pays ne pourra être que bénéfique pour le tourisme national surtout pour la ville d’Agadir, connue pour des séjours touristiques relativement longs.

Il a expliqué que l’autoroute va permettre également le développement de certains créneaux dans des zones à fort potentiel touristique, à savoir les résidences secondaires.

Il s’agit, selon lui, d’un produit très prisé par les touristes aussi bien nationaux qu’étrangers, qui connaîtra un essor considérable au niveau notamment des villes d Agadir, de Taroudant et de Tiznit.

Sur le plan sécuritaire, l’autoroute contribuera à améliorer la fluidité de la circulation entre les deux villes et partant réduire le taux des accidents de la route, le plus souvent meurtriers, enregistré chaque année sur la route nationale N8, a-t-il dit, précisant qu’un flux de 5500 véhicules est attendu avec l’entrée en service de cette autoroute.

Pour accompagner ce projet de grande envergure, M. Lahlou a souligné l’impératif de développer l’infrastructure d’accueil et celle du transport pour permettre à la ville d’Agadir de conforter sa vocation de plate-forme d’échanges commerciaux entre les provinces du nord et celles du sud.

Dans ce cadre, plusieurs projets routiers sont programmés, dont le doublement de la voie expresse entre Agadir et Tiznit, la réalisation d’une autre voie de contournement qui profitera à la station balnéaire de Taghazout, outre l’extension de la voie expresse reliant Agadir et Taroudant pour qu’elle atteigne la ville d’Ouarzazate et, par la même, lier Souss-Massa à la zone de Draa.

Certaines provinces et préfectures de la région, dont Taroudant, Tiznit et Sidi Ifni, verront le réaménagement et la mise à niveau de zones industrielles, ainsi que l’aménagement de centaines d’hectares pour la réalisation de résidences touristiques secondaires, d’hôtels et de riads, a indiqué le responsable.

Il ne fait aucun doute que cette autoroute va drainer davantage d’investissements, a-t-il dit, ajoutant que le chantier est en lui-même une activité d’investissement vu le grand nombre d’opportunités d’emploi qui vont être créées.

D’une longueur de 233 km, l’autoroute Marrakech-Agadir, dont le coût global est estimé à 7 milliards de dirhams, prend son origine depuis la fin de l’autoroute Settat-Marrakech, contourne la cité ocre par l’ouest et traverse les villes de Chichaoua, Imintanout, Argana et Amskroud avant d’atteindre Agadir. Sept points d’échange sont prévus au niveau des agglomérations traversées.

La réalisation de ce tronçon autoroutier a été rendue possible grâce à la convention signée, le 1er juin 2004 à Agadir, sous la présidence de SM le Roi, en vertu de laquelle le fonds Hassan II pour le développement économique et social apporte 1,5 milliard de dh au capital de la société Autoroutes du Maroc (ADM).

La mise en service de cet axe, composé de plusieurs sections, est prévue pour fin 2009. Cet axe s’intègre aux grands axes structurants, à savoir Agadir-Casablanca-Rabat-Tanger-Europe et l’autoroute maghrébine. La part du trafic des poids lourds atteint 50% du trafic global, ce qui est largement supérieur à ce qui est observé sur le restant du réseau autoroutier.

Said Youssi

Menara.ma

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