Depuis son entrée en fonction, cet établissement public, destiné à desservir une population de plus de 3 millions d’habitants des régions de Fès Boulemane (1,6 millions), de Meknès-Tafilalet et de Taza-Al Hoceima-Taounate, a accueilli plus d’une vingtaine de milliers de patients.
Pour faire face à l’engouement suscité pour cet établissement, qui a doté la région d’un niveau tertiaire de médecine, il s’est avéré nécessaire d’orienter les patients vers les établissements de santé des niveaux primaire et secondaire correspondant au degré de gravité de leur cas, ont expliqué tour à tour Allal Amraoui, coordinateur régional de la santé et Khalid Aït Taleb, directeur du CHU de Fès, lors d’une journée d’information au profit de la presse.
Sans cette régulation, somme toute nécessaire, il est impossible pour le CHU de Fès de satisfaire toutes les demandes, de rationaliser son fonctionnement et de rentabiliser les moyens humains et les équipements de pointe dont il s’est doté, a relevé Aït Taleb, selon lequel quelques malades issus de régions lointaines sont venus se faire soigner au CHU de Fès.
Pour alléger la pression sur ce Centre, il est impératif de renforcer l’offre sanitaire dans la région qui dispose – et pour la première fois – d’un important réseau d’établissements de santé de trois niveaux comprenant, outre le CHU Hassan II à Fès, les hôpitaux Omar Drissi, Ibn Al Hassan, Ibn Al Khatib, Al Ghassani et Ibn Al Baitar à Sefrou, l’hôpital Mohammed V et à Boulemane, l’hôpital de la marche verte et l’hôpital Sidi Ahmed Al Maissouri (Outate El Haj), a précisé Amraoui.
La région compte aussi 17 cliniques privées ainsi que 600 établissements de soins de santé de base, encadrés par 69 professeurs, 863 médecins (généralistes et spécialistes), 144 dentistes et 1930 infirmiers, a ajouté M. Amraoui, qui a toutefois reconnu les difficultés de satisfaire tous les besoins du nouveau CHU en personnels médical et paramédical, notamment en cette période qu’il a qualifié de transitoire.
Pour combler ce déficit, le ministère de la santé a d’ailleurs mis en place une stratégie visant la formation de quelque 3.800 médecins en l’an 2020, a-t-il dit, annonçant la prochaine ouverture à Fès de nouvelles écoles régionales de formation d’infirmiers, de techniciens et de laborantins.
Dans le même ordre d’idées, le directeur du CHU a fait savoir que malgré le fait que la ville dispose depuis l’an dernier d’une école de formation d’assistantes sociales, son établissement est toujours à la recherche de telles compétences, qu’il peine à trouver sur le marché de l’emploi.
Ce nouvel établissement se doit aussi de relever un autre défi relatif à la formation de cadres hautement qualifiés pour la manipulation et l’utilisation optimale du matériel sophistiqué dont il est équipé et à la mise à la disposition des chercheurs et des lauréats de la faculté de médecine et de pharmacie, sur laquelle il s’ouvre, les acquis du savoir et de la connaissance, qu’il a l’ambition de développer.
On ne peut pas comparer l’hôpital El Ghassani où les étudiants devaient développer leurs connaissances pratiques au CHU, qui leur permet de suivre même depuis les amphithéâtres des opérations complexes et de rester en contact avec le monde de la médecine en pratique, a résumé la situation un étudiant chercheur.
Evoquant par ailleurs la situation de l’hôpital psychiatrique d’Ibn Al Hassan qui fait partie du CHU et qui ne compte que quatre psychiatres dont un professeur, Amraoui a indiqué que sa qualification et sa mise à niveau sont programmées dans le cadre de la stratégie du ministère, qui prévoit l’ouverture de 25 établissements de ce genre dans le pays.
Pour Aït Taleb, le problème de l’hôpital psychiatrique doit être résolu avec le soutien de la société, car il n’est plus question d’interner les malades pour les couper de leur environnement, mais plutôt d’assurer leur traitement au sein même de la famille et de la société, comme le recommande la psychiatrie ambulatoire.
Outre les CHU de Casablanca et de Rabat, dont la réalisation remonte à l’époque du protectorat, le CHU de Fès est le premier d’une nouvelle génération de CHU, programmés respectivement à Oujda, Tanger et Agadir pour mettre fin aux déséquilibres entre les régions en matière de services de santé en améliorant le taux de couverture médicale de la population, hisser le niveau de la médecine en général et décongestionner les structures existantes.
Forte de cette structure médicale phare, venue accompagner sa renaissance sur tous les plans, la capitale spirituelle du Royaume, qui fête le 1200ème anniversaire de sa fondation, est en passe de renouer avec son rôle d’avant-garde dans le développement scientifique du Maroc.
MAP