Il suffit de savoir que 11 000 vagabonds et mendiants ont été recensés par le comité régional de développement humain de Casablanca dans le cadre de l’élaboration de la carte nationale de précarité l’année dernière. La situation devient plus alarmante quand on sait que 60 % de l’ensemble du groupe recensé représente “des mendiants professionnels”.
Plus encore, selon les résultats d’un bilan accompli par le ministère au mois de mars dernier, 35 % des mendiants ne sont pas des citoyens résidant à Casablanca.
A noter que le même bilan révèle également la nature des mendiants. Ainsi, les femmes qui quémandent en compagnie d’enfants représentent le chiffre de 34 % alors que les femmes qui exercent la mendicité sans que leurs maris soient au courant représentent 20%.
Conscient de la gravité de ce phénomène qui sévit dans notre société, le ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité a élaboré une stratégie à partir de février 2006, en collaboration avec les ministères de l’Intérieur, de la Justice, l’Entraide nationale et d’autres associations.
Cette stratégie, qui a pour but de lutter contre la mendicité se base sur trois approches.
La première vise donc la réinsertion sociale des personnes qui s’adonnent à la mendicité à cause de leur éloignement de la famille.
La deuxième approche a pour but d’intégrer les personnes sans ressource et sans capacité physique dans des établissements de protection sociale où elles seront prises en charge entièrement.
Enfin, l’approche économique cible quant à elle les mendiants qui ont la volonté de lancer des petits projets, mais se trouvent dans l’incapacité à cause du manque de capital. Dans ce sens, le ministère a signé des accords de partenariats avec un ensemble d’associations dans le but de financer 37 projets au niveau de Casablanca et de Rabat.
Ces projets permettront donc aux mendiants de bénéficier d’un revenu qui leur permettra de mener une vie décente.
«Cette stratégie prend en considération les conditions du mendiant et sa situation sociale, mais elle a également un caractère dissuasif, dans la mesure où elle lutte contre la mendicité professionnelle à travers notamment l’application de la loi qui incrimine l’exploitation des enfants dans la mendicité» déclare Abderrahim Harouchi.
Dans ce cadre, huit équipes ont été mises en place au niveau des villes de Casablanca et de Rabat pour veiller à l’application de cette stratégie.
Ces équipes font donc le ramassage des mendiants qui sont placés momentanément dans des centres sociaux en attendant qu’ils soient réintégrés selon leurs cas.
A noter que cette stratégie semble déjà donner des fruits, puisque 50 % des mendiants au niveau de Casablanca ont pu être réintégrés au sein de leurs familles d’origine, alors que 16 % bénéficieront de montants qui vont les aider à monter leurs propres projets.
REPÈRES
Enquête au niveau de Rabat
Selon une enquête réalisée au niveau de Rabat en mars 2006 et qui a porté sur 374 personnes, il s’avère que 76% de cette population a plus de 35 ans, alors que 6% seulement est constituée d’enfants. L’enquête montre également que 57 % des mendiants sont des femmes et que 71% des ces dernières sont des analphabètes. Quant au revenu quotidien généré par l’exercice de la mendicité, il va de 50 à 200 DH.
Yousra Amrani
LE MATIN