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La lutte contre la corruption passe par l’école

Comment la corruption affecte-t-elle les ressources allouées aux institutions scolaires ? Comment touche-t-elle la gestion de ces ressources et les résultats ?
Plusieurs interrogations ont été posées pour connaître les expériences internationales en matière de sensibilisation à la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence et l’éthique dans les systèmes éducatifs. Il s’agit de procéder à une évaluation critique de l’expérience du Maroc.

Azeddine Akesbi, secrétaire général de Transparency Maroc, pense que le moment est venu, pour notre pays, de placer le dossier de la corruption au centre des débats. La lutte contre ce fléau est une affaire collective. «Il est du devoir de tous, partis politiques, élus de la nation, médias et ONGs d’agir de manière concertée». Selon les statistiques de cette organisation, 67 % des cas de corruption déclarés au sein du secteur éducatif sont relatifs à l’obtention d’un «privilège». Les montants varient entre 20 et 100 dirhams.

Les agissements immoraux se développent de plus en plus : les heures supplémentaires, modifications des notes… «L’enseignant impose aux élèves de faire des heures supplémentaires chez lui. Ceux qui refusent subissent la marginalisation au sein de la classe», explique Azeddine Akesbi.

Selon l’Institut international de planification de l’éducation, plusieurs facteurs au sein du secteur éducatif participent au renforcement ou au renouvellement de certaines pratiques de corruption. «Parmi elles, la décentralisation (notamment en matière financière), l’autonomie des établissements, l’accent mis sur les enseignants pour améliorer la qualité, la privatisation d’une partie de l’offre et la globalisation du marché éducatif en particulier au niveau de l’enseignement supérieur.»

Pour que l’enseignement des valeurs soit crédible, il faut que l’école elle-même soit un lieu où l’honnêteté est la règle. Les syndicats et les organisations d’enseignants jouent un rôle important dans la promotion de l’éthique professionnelle.

Aussi, le ministère a-t-il procédé, selon Habib El Malki, à l’organisation de chantiers, de journées d’étude, de campagnes de sensibilisation au sein des institutions éducatives, de commémorations des Journées nationales et internationales de lutte contre la corruption, à la production d’instruments pédagogiques, à titre d’exemple le guide pédagogique de l’éducation à la transparence et l’exploitation de ce produit dans l’organisation et l’encadrement de la formation des formateurs dans quatre académies.

Le fléau de la corruption doit être combattu non seulement au sein de l’école mais dans tous les secteurs. Le Maroc, qui a fait l’objet de sept enquêtes différentes, recule. Il passe du rang 70 au 77, se situant, ainsi, au même rang que le Bénin, l’Egypte et le Mali. Cette régression est encore plus nette au cours des cinq dernières années, selon les résultats de l’indice de la perception de la corruption au niveau international, passant de la position 45 à 77.

La note du Maroc qui était 4,1 points/10 en 1999 a reculé à 3,2 points en 2004. La corruption est devenue un phénomène généralisé affectant les différents rouages de l’Etat, de l’économie et de la société. Transparency appelle à la réforme et au renforcement de la législation.

Le mal est tellement ancré et extrêmement difficile à éradiquer du jour au lendemain. Les recettes magiques n’existent pas. Tous les plans du gouvernement ne réussiront pas si les citoyens eux-mêmes ne changent pas leur vision des choses. La justice est toujours montrée du doigt. C’est un travail de longue haleine qu’il faut poursuivre. Réduire progressivement le fléau est déjà un pas important.

Jihane Gattioui
LE MATIN

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