Il ne pouvait se plonger dans un profond sommeil sans prendre sa dose quotidienne. C’est une habitude qui lui avait souvent créé des problèmes avec sa femme et sa mère. Quant à ses deux enfants, ils n’avaient pas d’autre choix que de souffrir en silence. Pire encore, Tahar devenait très violent une fois qu’il avait ingurgité quelques forgées de boissons alcoolisées. Dans son quartier, tout le monde le connaissait et l’évitait. Ils n’échangeaient même pas avec lui les salamalecs. Bref, ils le considéraient comme «la peste » qu’il fallait éviter. Il avait déjà purgé une peine d’emprisonnement de six mois de prison ferme pour coups et blessures contre un vieux voisin qui lui aurait demandé de se calmer durant la nuit. La dernière fois, Tahar a quitté le siège de la commune, a acheté deux «trois quart» de vin rouge et est rentré chez lui. Devant sa femme, sa mère et ses deux enfants, il a commencé à picoler. Personne ne pouvait le déranger en lui adressant le moindre mot et ne pouvait lui refuser quoi que ce soit. Il régnait en véritable maître. Il était 23 h quand Tahar a vidé deux bouteilles. Une quantité de vin rouge qui l’a rendu inconscient et incontrôlable. En titubant, il est sorti de chez lui. Où voulait-il aller? Il n’avait pas de destination précise.
À quelques mètres de chez lui, il a croisé son voisin du quartier, Abdelkrim. Il lui a demandé de s’arrêter. Faisant semblant de ne l’avoir pas entendu, Abdelkrim a continué son chemin. Tahar l’a suivi et l’a retenu par son tricot. Abdelkrim a tenté de se libérer. Mais, Tahar a brandi un couteau qu’il dissimulait et a tenté de le blesser. Heureusement, Abdelkrim est arrivé à s’enfuir. Tahar a repris son chemin et a croisé un autre voisin, Aziz. Il l’a menacé également avec son couteau et lui a demandé de lui donner une somme d’argent. Seulement, Aziz est arrivé à sauver sa peau. Tahar n’est pas retourné chez lui. Au contraire, il a continué à chercher une autre victime. Il a coupé le chemin à Hassan, un voisin du quartier, âgé de dix-sept ans. Ce marchand ambulant ne savait à quel saint se vouer quand il s’est retrouvé face à face avec lui. Il a tenté de s’enfuir. Mais en vain. Tahar a planté son couteau dans le cœur du jeune homme . Six jours plus tard, il a été arrêté à la plage d’Aïn Sebaâ et traduit devant le parquet général près la Cour d’appel de Casablanca pour homicide volontaire, coups et blessures, menace à l’arme blanche et ivresse.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma