Cour d’appel de Casablanca. La salle d’audience était archicomble ce jour-là. Portant une chemise grise, un pantalon en jeans et des chaussures en cuir, le mis en cause Abdelkarim se tenait, la tête baissée, devant les trois magistrats. Il fixait le sol d’une drôle de manière. Il était embarrassé par la présence de sa sœur. Appelée par la cour, celle-ci avance à la barre à côté de lui. Il paraît qu’elle était la cause principale de son implication dans cette affaire de meurtre. À cause des agissements de sa sœur, il se trouve entre l’enclume de la justice et le marteau de la prison. Âgé de vingt-huit ans, Abdelkarim était un jeune homme droit, honnête, généreux et bon vivant. Il partageait son temps entre son travail, son sport préféré et les cours du soir pour l’apprentissage de la langue anglaise. Sa sœur s’apprêtait à sortir de la salle d’audience sur ordre du président de la cour quand ses yeux ont croisé les siens. Un bref moment de silence. Puis, elle disparaît de la salle d’audience.
«Tu es accusé de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Qu’en dis-tu ?», lui a demandé le président de la cour. Sur un ton calme, Abdelkarim répond qu’il n’avait pas l’intention de tuer la victime.
«Il m’a provoqué Monsieur le président. Je lui ai demandé de rester jusqu’à l’arrivée de la police, mais il a voulu s’enfuir», a-t-il ajouté à la Cour. Pourquoi avait-il obligé la victime de rester ? Où devait-elle rester et pourquoi ? La victime n’est autre que son voisin, Rachid. Âgé de dix-neuf ans, ce dernier vivait avec ses membres de sa famille dans une maison non loin de celle de Abdelkarim. Les deux familles étaient de bons voisins. En effet, Rachid considérait Abdelkarim comme son frère aîné. Ils se respectaient et s’appréciaient mutuellement. Une belle relation qui a été brisée à jamais. Quelles sont les raisons qui ont engendré une telle situation ?
C’était un dimanche. Abdelkarim est sorti après avoir pris son déjeuner. De coutume, il passe la longueur de la journée en compagnie de ses amis au centre-ville. Il ne retourne chez lui, lors de ce jour de repos, que vers 20 heures. Cependant, ce jour-là, il est rentré plus tôt que prévu car il souffrait de douleurs au niveau de l’estomac.
Un grand taxi l’a effectivement transporté jusqu’à son quartier.
Arrivé à son domicile, il surprend sa sœur et Rachid en train de faire l’amour. Les deux tourtereaux n’ont pas entendu le bruit de ses pas ni celui des clés. Abdelkrim n’arrive pas à croire ses yeux.
Affolée, sa sœur, âgée de seize ans, a poussé Rachid quand elle a vu son frère. Elle ne savait plus quoi faire. Rachid s’est levé et a ramassé ses habits. Abdelkarim, qui a giflé sa sœur, a poussé violemment Rachid. «Tu ne sortiras pas. J’alerterai la police», lui a-t-il lancé. Rachid, qui a gardé le silence, a tenté de s’enfuir. En vain. Abdelkarim lui a asséné un coup de poing. Tombé, Rachid s’est relevé pour essayer encore une fois d’attaquer Abdelkarim. Perdant tout contrôle de ses nerfs, ce dernier a saisi une petite chaise et lui a asséné plusieurs coups à la tête. Il ne s’est arrêté que quand Rachid a rendu l’âme. Abdelkarim est resté près du cadavre jusqu’à l’arrivée de la police. «Je voulais appeler la police, mais Rachid m’a attaqué», a précisé le mis en cause à la cour.
Interrogée, sa sœur a affirmé à la cour qu’elle entretenait une relation amoureuse avec la victime. Ils profitaient de l’absence de leurs parents pour faire l’amour. «Notre relation dure depuis sept mois», a-t-elle précisé avant de regagner son siège. La Cour prononce sa sentence. Abdelkarim est condamné à une peine de 10 ans de réclusion criminelle.
Aujourd’hui.