Nous sommes à la Cour d’appel de Casablanca. Au box des accusés, à la Chambre criminelle, Abderrahim se tenait devant les trois juges. Il portait un pull noir et un jean bleu. Il semble ne pas être perturbé. Il ne fixait même pas les juges. Par pudeur ? Peut-être. En recourant au dossier de l’affaire, on découvre l’autre face d’Abderrahim. Ce jeune de trente-deux ans, encore célibataire, est un repris de justice notoire qui a purgé à quatre reprises des peines d’emprisonnement ferme allant de huit mois à cinq ans de réclusion criminelle. Très agressif et cruel, tout le monde dans son quartier l’évitait. C’est du moins ce que racontaient ses voisins qui sont venus assister à l’examen de son affaire. La preuve : il a été arrêté, la première fois, quand il a maltraité une jeune fille de son quartier qui s’est abstenue de l’accompagner et a été condamné à huit mois de prison ferme. La deuxième fois, il a purgé une peine d’un an de prison ferme après avoir été arrêté en flagrant délit de vol d’un sac à main. Lors de la troisième arrestation, il a été puni de deux ans de prison ferme pour vol qualifié. La quatrième fois, il a été condamné à cinq ans de réclusion criminelle pour viol d’une jeune fille et ivresse. Cette fois-ci est sa cinquième arrestation. Il est poursuivi pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens.
«Je n’avais pas l’intention de le tuer, M. le président», a-t-il répondu. Seulement, ce dernier s’est habitué à ce genre de réponses. C’est la raison pour laquelle il l’a interrogé durant plus de quarante-cinq minutes. En fait, Abderrahim n’a pas nié avoir poignardé son protagoniste, Abdelhadi, âgé de vingt-six ans. «Mais, je n’avais l’intention que de le blesser et non le tuer», a-t-il confirmé pour la énième fois devant la Cour. Est-ce vrai ? Selon le dossier de l’affaire, Abderrahim harcelait la sœur d’Abdelhadi. Il ne cessait de la suivre comme son ombre, de l’inciter à entretenir une relation amoureuse avec lui et de coucher avec lui. La dernière fois, il a osé la menacer avec un couteau pour l’obliger à l’accompagner. Heureusement, elle est arrivée à prendre la fuite. Après quoi, elle s’est rendue chez elle pour raconter à ses parents ce qui lui est arrivé. Hors de lui, son frère a saisi un couteau et s’est mis à la recherche d’Abderrahim. Quand il l’a trouvé, il a tenté de le tuer. Mais, Abderrahim était plus rapide que lui. Il lui a asséné un coup de couteau au niveau du cœur. Quelques secondes après, Abdelhadi a rendu l’âme. «Je regrette M. le président d’avoir commis ce crime», a été le dernier mot prononcé par Abderrahim devant la Cour. Un regret qui ne ressuscitera pas Abdelhadi.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma