La mère de Malika allait perdre la tête tant elle se posait plein de questions sans réponse. Elle a cherché partout sa fille dans le marché. En vain. Malika est son unique fille et elle l’accompagnait partout où elle allait sauf si elle était à son collège. Comme une folle, elle l’appelait à haute voix. Une femme lui a alors dit qu’elle serait peut-être rentrée. Pour en avoir le cœur net, elle est revenue très vite chez elle. «Malika, Malika !», appelait-elle comme une folle. Personne n’a répondu. Elle est allée voir les voisins. Personne ne l’a croisée, ni l’a vue. Bouleversée, la mère est sortie de chez elle sans destination précise en sanglotant. Une demi-heure plus tard, une voisine l’a avisée que sa fille était chez elle. Depuis quand et où était-elle ? Hors d’elle, la mère a rebroussé chemin en courant. Elle est rentrée chez elle et s’est jetée sur sa fille et l’a couverte d’étreintes. Malika larmoyait avant de perdre connaissance. Tout d’un coup, elle a repris connaissance. L’état de la jeune fille n’était pas normal. Alors sa mère lui a demandé ce qui lui est arrivé. La fille a continué à gémir sans répondre. La mère l’a conduit aussitôt au commissariat le plus proche de son quartier. Face aux policiers, la fille a avoué avoir été violée. Qui l’a violée ?
«Je venait de quitter le commerçant qui a mis les pommes de terre au panier dans l’intention de rejoindre ma mère qui discutait avec une voisine, quand un jeune homme, moustachu, vêtu d’un blue-jeans, m’a lancé un sourire», a-t-elle raconté aux policiers. Le jeune homme s’est approché d’elle, l’a menacée d’un couteau et lui a ordonné de l’accompagner sans attirer l’intention de personne. «Sinon, je vais planter ce couteau dans tes côtes», lui a-t-il dit.
Malika a obtempéré et l’a accompagné jusqu’à un terrain vague, situé pas loin du marché et l’a obligée à enlever sa jupe. Quand elle a refusé, il l’a violentée. Alors elle a fini par se laisser faire. La police est arrivée au marché et a recueilli les témoignages des commerçants. Ces derniers connaissaient la personne décrite par la fille. Il s’agissait d’Abdelkébir, 29 ans, qui travaillait de temps en temps au marché.
Arrêté et conduit au commissariat, l’accusé a nié avoir abusé de Malika et même de l’avoir croisée au marché.
Convoquant le commerçant chez lequel elle a acheté les pommes de terre, ce dernier a affirmé : «Oui, c’est lui qui était en sa compagnie».
Le commerçant l’a donc reconnu. Et pourtant, il n’a pas osé le dire dès le début aux policiers. Pourquoi ? «J’ai peur de lui, il est cruel et il n’aurait pas hésité à me poignarder si je l’avais dénoncé», a-t-il répondu. Abdelkébir, repris de justice, a continué à clamer son innocence devant la chambre criminelle. Mais toutes les preuves montraient le contraire : Malika et les témoins. Après les délibérations, la cour l’a condamné à six ans de réclusion criminelle.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma