Ce troquet sera désormais associé pour eux à la date fatidique du 2 janvier 2007, jour où, la main dans la main, ils en étaient sortis le sourire aux lèvres et la joie au coeur. Une seule ombre au tableau, l’obscurité automnale qui aiguillonne la jeune fille et fait stresser son compagnon. Il est grand temps pour Halima de regagner le domicile de ses parents. Il est vingt heures et elle doit songer à sa réputation.
Mohamed et Halima semblent se dire que quelques minutes supplémentaires ne suffiront de toute façon pas à combler leur besoin d’être ensemble. Ils avancent, chacun d’eux tellement amoureux de l’autre qu’ils ont l’impression d’être seuls au monde. C’est alors que le monde extérieur s’impose à eux d’une façon brutale. Soudain, un groupe de jeunes garçons leur coupent le chemin. Leurs intentions sautent tout de suite aux yeux des amoureux. Armés qui de couteaux, qui de grosses pierres, ils forcent le couple à s’arrêter.
Mohamed ne sait comment affronter la situation. Halima se réfugie derrière lui. Elle non plus ne sait à quel saint se vouer. Le couple n’est même pas en mesure de compter le nombre des assaillants. Ils se tiennent là, pétrifiés de terreur. Ils aimeraient dire quelque chose, implorer ces voyous de les épargner, mais ils demeurent muets, incapables de parler.
C’est alors que l’un des jeunes garçons avance vers Halima et s’empare de son sac à main. Après quoi, il ordonne au couple de s’en aller sans se retourner.
Remerciant Dieu de leur avoir permis de s’en tirer à si bon compte, le couple presse le pas, craignant que les voyous se ravisent. Mohamed et Halima ne rentreront toutefois chacun chez lui qu’après avoir déposé une plainte auprès de la police judiciaire.
La plainte enregistrée, les enquêteurs se mettent en chasse. Leurs investigations dans les environs du lieu de l’agression se solde par l’arrestation de Mohamed, mineur de treize ans. Sans trop de résistance, ce dernier se met à table. Il avoue avoir participé à l’agression du couple. Qui sont ses complices ? Sept garçons qui demeurent au douar Al Banca, déclare-t-il aux policiers.
Sans perdre un seul instant, la PJ se lance aux trousses des jeunes bandits et ne tarde pas à les arrêter. Ils sont tous mineurs. Leur âge varie entre quatorze et seize ans. En affinant leur enquête, notamment par le biais du registre des plaintes, les policiers découvrent qu’une jeune fille avait déposé, en date du 6 décembre 2006, une plainte faisant état de kidnapping, de séquestration et de viol. L’auteur de ce crime serait-il l’un des membres du groupe d’adolescents, à moins qu’ils aient agi en collectivité ? Le gang en herbe commence par nier. Jusqu’à ce qu’une confrontation avec la victime n’aboutisse à les confondre.
Ils racontent comment cette jeune fille était sortie seule du café en question lorsque l’un d’entre eux s’est approché d’elle et avait entrepris de lui chuchoter des paroles de séduction à l’oreille. Ils racontent ensuite comment la jeune fille avait continué à avancer en silence et comment trois autres garçons du groupe avaient rejoint le premier pour immobiliser la jeune fille, rapidement rejoints par les autres.
Les aveux se poursuivent : ensemble, ils avaient menacé de la tuer si jamais elle se hasardait à appeler au secours. Sous la menace de leurs couteaux, ils l’avaient conduite vers une bâtisse abandonnée au milieu d’un terrain vague. Ivres de désir, ils l’avaient contrainte à se dénuder, allant jusqu’à la rouer de coups lorsqu’elle avait tenté de leur résister. Une fois leur victime brisée psychologiquement et entièrement dénudée, ils l’avaient violée à tour de rôle, avant de l’abandonner sur place inconsciente.
Ces jeunes malfrats ont été traduits récemment en justice. Nul doute qu’ils seront sévèrement punis. Mais la sanction pénale permettra-t-elle de transformer ces monstres en jeunes gens respectueux d’autrui ?
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma