Haro sur le tabou de la dysfonction érectile

Cela dit, les conclusions tirées de cette enquête mettent en avant une réalité manifeste. Elles reflètent bel et bien l’étendue d’un malaise qui existe, mais dont on parle peu, ou pas, chez nous. Le tabou aidant, les gens se réfugient dans un silence qui ne fait qu’accentuer le problème. Car c’est d’un problème à la gravité avérée qu’il s’agit, puisqu’il y va du sentiment de bien-être et, par ricochet, de la pérennité du couple.

D’ailleurs, sans avoir besoin de se référer à cette étude, il ressort que les femmes au Maroc souffrent à des taux encore plus élevés d’insatisfaction sexuelle. A telle enseigne qu’un rapport revêt l’aspect d’une corvée, alors que cela devrait être tout le contraire.

Parallèlement, les répercussions d’une mauvaise santé sexuelle sur le couple a de quoi être dévastatrice, sachant que celle-ci est définie par l’OMS comme un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en relation avec la sexualité. Ce n’est pas limité à l’absence de maladie à un dysfonctionnement ou à une infirmité.

La satisfaction du couple passe par la satisfaction des deux partenaires et l’insatisfaction de l’un finit par se répercuter sur celle de l’autre , selon Aziz Smires, uro-andrologue et président fondateur de l’Association méditerranéenne d’andrologie. L’étude en question, réalisée par Harris interactive , a concerné 12.563 personnes âgées entre 25 et 74 ans et réparties sur 27 pays, dont le Maroc.

L’échantillon marocain était composé de 255 personnes (125 femmes et 130 hommes). La moyenne mondiale fait ressortir que 42 % des hommes contre 44 % des femmes sont satisfaits de leur vie sexuelle. Ces chiffres sont respectivement de 33 % et 23 % pour les Marocains. Sur ce plan, l’accent est mis sur la qualité et non la quantité en termes de rapports sexuels.

Dans le but de se rassurer, certains hommes s’entêtent à augmenter la fréquence des rapports sexuels, mais pas leur qualité. Cette augmentation de fréquence traduit leur angoisse de performance sexuelles et ne satisfait généralement pas la partenaire , indique le docteur Smires. Par rapport à l’importance de la satisfaction sexuelle, en moyenne mondiale, les hommes à hauteur de 91 % et les femmes à hauteur de 85 % pensent que c’est très important .

Ces chiffres sont respectivement de 89 % et 85 % au Maroc. En conclusion, il est indiqué que la qualité de l’érection revêt un rôle crucial dans l’épanouissement du couple par rapport à sa vie sexuelle. Sur ce plan, il y a lieu d’évoquer le dysfonctionnement érectile et les désagréments qu’il peut causer dans une vie de couple. Mais en réalité, les hommes ne doivent pas être les seuls à porter le chapeau. En effet, le désir est une opération mutuelle incitée de part et d’autre. Un simple mot déplacé est à même de déstabiliser l’homme et lui faire perdre sa confiance en soi.

Chose qui finit par aboutir, lorsque cela se répète, à une dysfonction érectile Bref, la réussite d’une vie sexuelle participe au sentiment de bien-être, même si un accomplissement de soi peut être détaché de la vie sexuelle, et inversement, un sentiment de bien-être est généralement nécessaire à la vie sexuelle.

___________________________________________

Qu’est-ce que la dysfonction érectile ?

L’expression dysfonctionnement érectile ne désigne pas uniquement l’absence totale d’érection, mais plutôt toutes sortes de troubles liés à l’érection. Une érection incomplète ou qui ne dure pas jusqu’à la fin d’une relation sexuelle est à inscrire dans ce registre.

Les causes d’une telle complication se répartissent en trois catégories. Le facteur principal est d’ordre psychologique et consiste en une perte de confiance en soi. C’est-à-dire une peur de ne pas être à la hauteur. En second lieu, les causes organiques, à leur tête le diabète, sont responsables de la dysfonction.

En troisième place, figurent les causes iatrogènes. Celles-ci sont liées à la prise de certains médicaments, tel les anxiolytiques consommés à fortes doses et sur une longue période. Les causes iatrogènes incluent également des actes chirurgicaux, lors desquels le nerf de l’érection est touché de façon accidentelle.

Les causes psychologiques sont les plus fréquentes, d’où la nécessité de recourir à un spécialiste en psychologie, afin d’aider le patient à retrouver cette confiance perdue , explique le docteur Aziz Smires, indiquant que l’idéal, c’est l’association d’un soutien psychologique et d’un traitement médicamenteux .

Abdelhakim Hamdane

LE MATIN

Commentaires