La campagne de sensibilisation auprès des populations locales avant le lancement de la vaste offensive qui a permis de raser près de 4.000 ha de cultures de cannabis, avait porté, entre autres, sur la promesse d’un soutien à la reconversion vers des activités génératrices de revenus.
A cet effet, une convention spéciale de partenariat a été conclue en juillet dernier entre l’Agence de développement des provinces et préfectures du nord (APDN), l’Agence de la promotion nationale et l’Association Targa.
En vertu de cette convention, l’Association Targa s’est chargée de la réalisation de ces études monographiques qui constituent la première étape d’un programme de développement humain pour cette région enclavée. Un programme de développement local où l’APDN s’est engagée à apporter un financement de près de 60 millions DH.
L’étude a été confiée à Targa-Aide qui dispose d’une solide expérience dans de pareilles missions. L’association est constituée d’un réseau d’enseignants-chercheurs de diverses institutions universitaires, de cadres et de techniciens mobilisables en fonction de leurs compétences autour de projets de développement au profit des populations rurales nécessiteuses vivant dans des zones d’écologie fragile.
Lors d’une rencontre à la province de Larache, Mohamed Tozi, membre de Targa-Aide, a présenté les grandes lignes de cette étude qui a porté notamment sur le recensement des ressources et potentialités des 12 communes et sur un sondage auprès des populations pour identifier leurs besoins. Un souci dicté par la volonté de s’armer d’une vision réaliste pour l’élaboration d’un plan de développement local qui répond aux aspirations des populations de chaque commune.
L’étude indique que la population des communes cibles, plus de 150.000 habitants selon le recensement 2004, se caractérise par une prévalence de l’analphabétisme qui varie entre 52,6 % (commune de Tazrout) et 79,2 % (commune de Rissana). L’étude constate également une sensible régression de la population dans quatre communes en raison de l’exode vers les centres urbains.
Une étude sur les finances des communes durant les cinq dernières années relève une faiblesse des recettes avec une irrégularité chronique, ainsi que la prépondérance des dépenses de fonctionnement, puisque 60 à 80 % du budget est engloutie par la masse salariale des employés.
Une telle situation, souligne M. Tozi, affecte la rubrique investissement et empêche une planification à moyen et à long terme avec des projets de développement consistants.
Concernant les services de base, les études indiquent que le taux de couverture par le réseau électrique varie de 32 % (C. Tazrout) à 100 % (C. Boujediane et C. Rissana).
Quant à l’alimentation en eau potable, le taux de couverture dans la province de Larache ne dépasse pasles 6 %, loin derrière la moyenne nationale qui s’établit actuellement à 18,1%.
De plus, les dchars de la province, notamment en zone montagneuse, souffrent du problème de l’éloignement des écoles et des dispensaires.
D’autre part, l’étude rappelle que la culture du cannabis occupait, durant la période 2001-2004, environ 27,5 % des terres arables dans certaines communes de la province.
Après avoir présenté ce constat de la réalité socio-économique des 12 communes rurales, M. Tozi, a annoncé la tenue, prochainement, d’une série de rencontres au niveau de chaque commune pour formuler et concevoir les projets réalisables.
Les travaux de ces rencontres seront répartis sur trois axes : «les activités génératrices de revenus», «la réhabilitation des communes à travers les infrastructures», «la valorisation des ressources humaines à travers la formation».
Lors de cette rencontre, qui s’est déroulée en présence des élus des communes concernées, le secrétaire général de la province de Larache, Abderrazak Mansouri, a relevé que l’expérience pilote menée par la province pour l’éradication de la culture de cannabis a été particulièrement appréciée par les participants à l’ouverture de la 49e session de la commission stupéfiants de l’ONU, tenue le 13 mars à Vienne.
Il a tenu à rappeler que la stratégie adoptée par les autorités locales pour l’éradication de la culture du cannabis est fondée en grande partie sur la proposition d’alternatives aux populations concernées.
Le responsable a aussi appelé les partenaires de ce programme tripartite à redoubler d’efforts en vue de parvenir à une liste définitive des projets de développement avant le 15 mai prochain.
Il a également préconisé que le programme soit en rapport avec les projets de développement déjà initiés par d’autres partenaires, tel celui de l’Office régional de mise en valeur agricole du Loukous qui vise le développement des régions montagneuses.
MAP