La cartographie consacrée à la pauvreté au Maroc en 2004 revêt une plus grande dimension, selon Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au Plan. Elle a été servie par les données d’une enquête sur la consommation des ménages qui a concerné un échantillon trois fois plus large que celui auquel s’est référée la cartographie de 1994. Elle est aussi basée sur les résultats du recensement général de la population et de l’habitat de septembre 2004.
Ainsi la mesure de la pauvreté, de la vulnérabilité et de l’inégalité calculée pour le Maroc fait ressortir que le taux de pauvreté représentant le pourcentage des individus dont le niveau est inférieur au seuil de pauvreté relative est de l’ordre de 1.687 dirhams par mois pour un ménage moyen en milieu urbain (5,6 membres) et de 1.745 dirhams par mois pour un ménage moyen en milieu rural (6,4 membres).
L’indice de la sévérité de la pauvreté qui mesure la profondeur de celle-ci augmente parallèlement à l’augmentation de l’écart entre les niveaux de vie et le seuil de pauvreté. Le seuil du taux de vulnérabilité, qui donne la proportion de la population vivant sous la menace de la pauvreté, se situe entre 1.687 dirhams et 2.531 dirhams par mois pour un ménage urbain. Pour un ménage rural, ces lignes s’établissent à 1.745 dirhams et 2.618 dirhams.
Les données du recensement général de la population et de l’habitat de 2004 ont permis d’actualiser les indicateurs de la carte de la pauvreté au niveau local le plus fin.
Au plan national, le taux de pauvreté s’élève en 2004 à 14,2 % contre 16,5 % en 1994, soit une diminution de 14 %. Cette baisse de la pauvreté, selon le Haut commissariat au Plan, a été nettement plus accusée entre 2001 et 2004 qu’entre 1994 et 2001. Près de 50 % de la baisse s’est opérée durant les trois dernières années de cette période de dix ans.
C’est dans le monde rural qu’on enregistre une forte incidence du niveau de pauvreté alors qu’en milieu urbain celle-ci reste relativement modérée. Dans les campagnes, le taux de pauvreté reste encore maintenu au niveau très élevé en 2004, enregistrant 22 %.
Il est presque trois fois le niveau urbain. Au cours de dix années, il n’a diminué que de 4% contre 24 % en milieu urbain. Les disparités entre les communes sont également enregistrées. Dans 348 communes, le taux de pauvreté dépasse 30 %.
Dans les villes, le taux de pauvreté s’élève à 7,9 % en diminution de 2,5 points depuis 1994. Le niveau global de pauvreté urbaine cache également de notables disparités communales. Quelque 55 communes et centres urbains ont un taux de pauvreté inférieur à 5 %.
En revanche, 39 communes ont un taux supérieur à 20 %. Celles-ci sont concentrées pour la plupart dans les régions de l’Oriental, de Meknès Tafilalet, de Marrakech-Tensift-Al Haouz, du Gharb-Chrarda-Beni Hassen et de Doukkala-Abda. Par ailleurs, le taux de pauvreté varie sensiblement selon les régions. Le taux minimum est enregistré dans la région du Grand Casablanca (3,5 %). Le maximum est noté dans la région du Gharb-Chrarda-Béni Hassen (20,5 %).
Les communes rurales où l’indice de développement social est pratiquement bas sont essentiellement localisées dans les régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz, de Souss Massa-Drâa, de Taza-Al Hoceima-Taounate, de Tanger-Tétouan et de l’Oriental.
Jihane Gattioui
LE MATIN