Casablanca. Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance. En tenu de sport, Mohamed, quarante-deux ans, père de trois enfants, se tenait devant les magistrats. Quand le président de tribunal l’a interrogé sur les accusations qui lui ont été attribuées, il s’est disculpé. Il a crié, haut et fort, son innocence en affirmant qu’il ne connaît guère les plaignants. «C’est un coup monté», affirme-t-il au tribunal. Qui a monté ce coup et pourquoi ? Mohamed, qui n’avait pas de réponse convaincante, s’est contenté de baisser la tête. Le président de tribunal a commencé à feuilleter le procès verbal révélant les résultats de l’enquête qui a été diligentée par la police suite à une plainte par deux frères, à savoir Adil et Brahim.
Ces derniers ont avoué que Mohamed les a contactés pour aider leurs deux frères, Hicham et Saïd, en détention préventive, arrêtés pour trafic de drogue. C’est ainsi que Mohamed, qui se disait policier, les a promis d’intervenir en faveur de leurs deux frères. Sans attendre, Mohamed a passé au stade des négociations.
Contre la somme de 15 mille dirhams demandée, Adil et Brahim, avaient versé un acompte de 2 mille dirhams, avec comme promesse un relâchement de leurs deux frères, juste après leur présentation devant le procureur du Roi. Seulement, les deux frères ont appris que Hicham et Saïd n’ont pas été assistés par le prétendu policier devant le ministère public et qu’ils ont été traduits devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance qui les a condamnés à dix-huit mois de prison ferme chacun.
C’est à ce moment que les choses ont commencé à tourner mal pour Mohamed.
Contacté par Adil au téléphone portable, il lui a donné rendez-vous dans l’après-midi, à proximité du siège du tribunal. Lors de cette rencontre, il lui a expliqué que les deux prévenus seront présentés au procureur du Roi le lendemain, tout en lui assurant qu’ils n’ont pas encore obtenu leur billet d’écrou.
Mohamed a réussi à le convaincre en arrivant à fixer un autre rendez-vous pour le lendemain, au même lieu, pour recevoir le reste de la somme d’argent et entamer les interventions nécessaires pour la libération des deux trafiquants de drogue.
C’est la force avec laquelle Mohamed insistait sur l’argent qui avait mis la puce à l’oreille de Adil. Ce dernier a fini par prévenir la police.
Le lendemain, comme prévu, Mohamed était à l’heure à son rendez-vous devant le tribunal, sans savoir ce qui l’attendait vraiment. En concordance avec la police, Adil a échangé quelques mots avec Mohamed, où il lui a expliqué que le procureur du Roi allait aider ses deux frères. Avant de parler argent, les limiers ont conduit Mohamed au commissariat.
Aux interrogatoires, il a reconnu avoir trompé les deux frères, Adil et Brahim, en se faisant passer pour un policier.
En effectuant une perquisition de son domicile, les enquêteurs ont mis la main sur une pile de faux contrats de travail, des photos d’identité, des photocopies de cartes nationales, des extraits d’actes de naissance, des attestations de travail, des formulaires pour demandes de visas, des photocopies de casiers judiciaires, des billets de transport international et un ensemble de documents qui font état de résidences en Europe.
Entre temps, plusieurs victimes se sont présentés devant les enquêteurs pour se plaindre d’être flouées par Mohamed qui leur vendait des rêves sans lendemain.
Et toutes les victimes de cette escroquerie ont affirmé qu’elles avaient remis des montants d’argent variant entre 5 et 15 mille dirhams, en sus d’une somme de 1100 dirhams comme frais d’envoi de dossier aux prétendues destinations cherchant des travailleurs.
Toutefois, Mohamed a rejeté devant le tribunal toutes ces accusations, en arguant que cette affaire a été montée par et pour ses «ennemis».
Mohamed n’a pas précisé les raisons pour lesquelles ses «ennemis» ont préféré le voir prisonnier. Il n’a pas également cessé de clamer son innocence.
Après les délibérations, le tribunal a jugé Mohamed coupable pour escroquerie et l’a condamné à deux ans de prison ferme. Triste fin.
source:aujourdhui