Agression, séquestration, vol, viol, pour finir au meurtre. C’est en somme le sinistre parcours d’Abdelali Amer, 44 ans, arrêté mardi 9 août pour le meurtre de 14 personnes et traduit vendredi dernier devant la chambre criminelle près la Cour d’appel de Rabat. Une histoire sinistre qui a commencé en octobre 2004, après la découverte dans la région de Sidi Boussadra, donnant sur le rivage du Bouregreg, du cadavre d’un SDF.
Une blessure sur la tête, donnant au sol, a laissé croire aux enquêteurs à une chute mortelle. Hypothèse confirmée par le rapport du médecin légiste qui a conclu à un traumatisme crânien entraînant une mort accidentelle. Durant les mois qui ont suivi, treize corps de vagabonds ont été ainsi découverts avec la même conclusion. Dénominateur commun de ces treize morts, l’existence d’aucun témoin. A chaque corps découvert, a souligné Mustapha Imensar, chef de la police judiciaire de Rabat, les enquêteurs concluaient qu’il s’agissait d’un vagabond drogué qui s’est suicidé ou qui a chuté accidentellement. Il a fallu attendre la découverte, lundi 1er août, d’un quatorzième cadavre, appartenant à un jeune homme dont la blessure à la tête donnait, pour la première fois, au ciel pour que les doutes des policiers s’éveillent. L’hypothèse de chute mortelle n’était plus envisageable. Il s’agissait cette fois-ci d’un coup criminel asséné par quelqu’un (ou quelques-uns), cause directe du traumatisme cérébral.
Autre nouvel élément, l’existence d’un témoin oculaire, un clochard en l’occurrence, qui a assisté au crime. Notant les signalements du meurtrier, les enquêteurs se sont lancés sur les traces d’un SDF, habitant le quartier El Akkari à Rabat. Une semaine plus tard, Abdelali Amer était sous les verrous. Sur son sinistre tableau de chasse, ce quadragénaire sans domicile fixe a accroché quatorze trophées. Dans ces très nombreux moments où l’instinct animalier dominait, il terrait dans des endroits isolés sur les rives du Bouregreg pour attendre des vagabonds qui fréquentaient également ces mêmes lieux peu fréquentés. Après les avoir rassuré de sa bonne foi, il les conduisait loin des regards, les immobilisait et n’hésitait pas à leur asséner des coups violents sur la tête, à l’aide d’une pierre qu’il enfouillait parfois dans une chaussette. Une fois le meurtre accompli, il fouillait les poches de sa victime pour s’emparer de quelques dirhams, de joints, de comprimés psychotropes et autres objets futiles.
Entre octobre 2004 et fin juillet 2005, cet assassin en série a attaqué à dix-huit reprises. L’une de ses victimes était une vieille femme qu’il avait violée. Quatorze ont rendu l’âme alors que les quatre restants sont arrivés à sauver leurs peaux. Jeudi 11 août a eu lieu la reconstitution de ces crimes, devant l’incrédulité et la stupéfaction de nombreuses personnes présentes à Sidi Boussadra, non loin de l’hypermarché Marjane de Rabat-Salé.
Le visage terreux, un regard sombre, les joues creusées par une barbe sale de plusieurs semaines, habillé d’une chemise sale bleu rayée en blanc, d’un pantalon gris à l’origine douteuse et d’une espadrille lacérée, Abdelali marchait, menottes aux poignés, sans accorder la moindre attention à la foule qui l’entourait. Il avait le même regard menaçant que lorsqu’il se tenait, sous l’emprise de la drogue, devant les passants de son quartier populaire pour mendier. Mais il ne faisait pas que cela. Natif de Rissani en 1961, Abdelali qui a avoué avoir tué les quatorze clochards, n’a jamais mis les pieds à l’école.
Après la mort de ses parents et l’émigration de ses quatre frères en Europe, il est resté au Maroc en compagnie de son unique sœur. Cette dernière était la seule personne qui s’intéressait à lui. Morte également des suites d’une maladie, il a cru pouvoir rejoindre ses frères sur le Vieux Continent, chose qu’il n’a pu faire. Resté seul au Maroc à vagabonder, il a été emprisonné à six reprises pour vol qualifié, viol, ivresse et coups et blessures. Pour ses 14 homicides volontaire 4 tentatives d’homicide, un viol et plusieurs vols, Abdelali risque la peine de mort.
source:aujourdhui