Accueil > Maroc > Des enfants abandonnés attendent de futurs parents

Des enfants abandonnés attendent de futurs parents

Tout près de ce jouet, une belle photo dans laquelle on voit un bébé bien détendu dans un couffin et sur lequel on peut lire «Bon voyage».

Toujours dans cette grande salle qui sert de lieu de rencontres entre enfants et futurs parents, un piano par ici, un toboggan par là, tandis que dans le jardin, des monitrices jouent avec des bambins prêts à se jeter sur le premier arrivant. «Quand vous allez chez un couple dont les enfants ne vous connaissent pas beaucoup, ils ont du mal à s’approcher de vous. Ici nos enfants, dès que vous leur adressez la parole, ils viennent vers vous.

Car ils manquent d’affection», dit Sabah Sekkat Lahrichi, la trésorière.
Sortis de la salle, nous nous sommes approchés d’un petit groupe d’enfants jouant dans la cour. Dès qu’ils nous ont vus, ils se sont dirigés vers nous, les bras levés pour nous signifier de les soulever et de les caresser.

A la recherche de l’affection, ces mineurs qui quitteront cet établissement à l’âge de six ans doivent trouver une famille pour ne pas entamer le grand voyage vers les orphelinats. «Nous voulons que nos enfants s’identifient plutôt à la Maison d’enfants Lalla Hasnaa plutôt que de dire qu’ils vivent dans un orphelinat, qui est un nom trop dur à porter après le départ d’ici. Je vous assure que ces bambins ont de la baraka (chance). Un jour, on n’avait plus de stocks d’eau et j’ai vu une dame s’amener, comme par hasard, avec des packs d’eau.

Tandis qu’une autre fois, c’était le sucre qui nous faisait défaut, et c’est un bienfaiteur qui m’a proposé pas mal de kilos de sucre», ajoute-t-elle.

Mais pour le moment, on attend que la baraka vienne du côté des familles intéressées par la Kafala et qui doivent être également de confession musulmane. Et comme les candidats se font rares, l’association «Al Ihssane» a organisé, dimanche 7 mai, une table ronde sous le thème : «La Kafala des enfants privés de familles», dont l’objectif est d’encourager les bienfaiteurs à redoubler d’efforts et de générosité et d’inciter les familles à aider ces enfants à s’intégrer dans la société. «Par cette table ronde, nous avons voulu lever les tabous de la Kafala. Certains disent que c’est une démarche longue et dure.

Nous répondons que c’est facile et elle se résume en quatre étapes : réception du couple, dépôt de dossier, enquête sociale et visite médicale. Toutes ces démarches sont entreprises par notre équipe et c’est gratuit», lance Khadija Zohri, assistante sociale. Aujourd’hui, la durée moyenne pour recevoir une réponse autorisant une «Kafala» est de deux mois. Par ailleurs, pour ne pas décourager les candidats, le législateur a créé la «Kafala» provisoire en attendant le jugement d’abandon.

Pour l’équilibre de l’enfant, tous les témoignages sont d’accord pour conseiller aux couples ayant franchi le pas de dire la vérité à ces enfants. «Pour l’épanouissement de l’enfant, il faut que le couple s’adresse à lui pour lui confirmer qu’il a été choisi parmi un grand nombre de candidats. Il faut lui parler en ces termes. Nous sommes venus à l’orphelinat et parmi le grand nombre d’enfants que nous avons vus, nous t’avons choisi», ajoute-t-elle.

Si les candidats à la «Kafala» tardent à venir à l’intérieur, un grand nombre de Marocains résidant à l’étranger (MRE) sont intéressés par cette prise en charge de ces mineurs, mais rencontrent des difficultés quant à l’octroi des visas pour ces enfants. «Plusieurs consulats étrangers refusent de délivrer des visas aux enfants pris en charge, car ils ne reconnaissent pas la Kafala. Ces consulats ne peuvent les délivrer qu’en cas d’adoption, or celle-ci est n’est pas reconnue par la religion musulmane», lance un responsable de l’association.

La «Maison d’enfants Lalla Hasnaâ» est la seule structure de la wilaya du Grand Casablanca qui accueille les bébés et les enfants abandonnés à la naissance jusqu’à l’âge de la scolarité (six ans). Elle est composée de deux centres : le centre Oasis qui en est le siège et celui de Bouafi qui se trouve au Polo et qui accueille les enfants handicapés venant du centre Oasis.

Cet établissement emploie 120 salariés et s’occupe de 306 bébés et enfants dont 54 enfants handicapés mentaux.

Rachid Tarik
LE MATIN

Commentaires

Voir aussi

Maroc : un imam pédophile

@360   Une peine de prison a été prononcée par la Cour d’appel de Tanger à …