Sans attendre la permission, un jeune homme fit irruption dans un bureau de la gendarmerie royale d’Aïn Diab, à Casablanca. Transpirant à grosses gouttes, il s’est tenu devant le gendarme. Il haletait, à bout de souffle, comme s’il avait trop couru. Le gendarme qui assurait, en compagnie de ses collègues, la permanence ce week-end du début du mois de janvier, lui a alors demandé de s’asseoir en attendant qu’il retrouve une respiration normale. Qu’est-ce qui lui est arrivé pour être dans un état pareil ? Etait-il agressé ou menacé par un malfrat ? Tout un tas de questions se posaient pour le gendarme qui semblait être pressé de savoir de quoi il s’agissait pour entreprendre la procédure qui doit être effectuée. «Un groupe de malfaiteurs m’a attaqué et m’a menacé de mort si je ne leur signe pas un chèque portant sur une somme de 60 mille dirhams… En attendant que je le leur remette, ils ont pris ma voiture comme gage…», a-t-il affirmé à l’enquêteur qui a consigné toutes ses déclarations dans un procès-verbal. Le jeune homme a ajouté que ses adversaires vivaient au quartier Lissasfa.
Sans attendre une seconde, quelques éléments de la brigade ont grimpé dans la Jeep de service et se sont dirigés vers le quartier indiqué par le plaignant pour entamer leurs investigations. Seulement, en y arrivant, les enquêteurs ont appris que les personnes, objet de la plainte du jeune homme, ont également déposé une plainte contre lui auprès de l’arrondissement de police de Lissasfa. De quoi s’agit-il au juste ? Qui est la victime et qui est le mis en cause ? Le jeune homme ou les autres plaignants ? Selon la version de ces derniers, le jeune homme s’est engagé de leur revendre une voiture. Mais il n’a pas tenu ses engagements.
Interrogé par les enquêteurs, le jeune homme a reconnu s’être engagé de leur revendre sa voiture. Il se serait pourtant rétracté après avoir trouvé un nouvel acheteur qui lui aurait proposé une somme plus importante.
Toute cette mise en scène a fini par mettre la puce à l’oreille des enquêteurs de la gendarmerie royale d’Aïn Diab. Et ils ont décidé de ne pas se contenter de le présenter devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance pour outrage à la police judiciaire en faisant une fausse déclaration, mais d’aller plus loin et d’effectuer une perquisition à son domicile situé à Dar Bouâzza. C’était bien vu. Chez le suspect, ils ont mis la main sur plus de quarante millions d’euros en fausse monnaie, quelques faux billets de cent et deux cents dirhams et plusieurs pièces dorées et argentées. Etonnés, les enquêteurs n’ont pas cru leurs yeux. Ils ne comprenaient pas d’où lui sont parvenus tous ces faux billets et pourquoi ces pièces dorées et argentées ? pressé de questions, le jeune homme a craché le morceau ; il a avoué être membre d’une bande de charlatans qui affirmaient aux naïfs et avares qu’ils disposent de trésors enterrés et gardés par des Jnoun. Ils faisaient comprendre à leurs victimes qu’ils avaient besoin d’acheter des produits très chers pour exhumer les trésors. Par cette astuce, ils sont arrivés à subtiliser à l’une de leurs victimes une somme de 750 mille dirhams. Quant aux fausses monnaies, il leur a affirmé qu’elles appartiennent à un faussaire qui demeure au quartier Maârif. Ce dernier est actuellement en état de fuite. Le jeune homme et ses huit complices ont été comparu devant le parquet général près la cour d’appel de Casablanca. Ils sont poursuivis pour constitution d’une association de malfaiteurs, détention de fausse monnaie et escroquerie en recourant au charlatanisme.
Auhjourd’hui