Les autorités italiennes affirment que les perquisitions effectuées au sein de la petite mosquée de la localité Ponte Felcino avaient permis de saisir des quantités de produits chimiques pouvant être utilisés dans la préparation des explosifs. Mais aussi divers documents dont des instructions détaillées pour piloter un gros-porteur et des manuels de cryptage informatique des messages. Rome affirme que, sur la base des premiers éléments de l’enquête, le groupe démantelé à Pérouse était en relation avec des membres du GICM (Groupe islamique combattant marocain) en Belgique. Mostafa Korchi et les membres de sa petite cellule avaient fait, selon les mêmes sources, l’objet d’investigations lancées depuis deux ans et qui ont abouti au lancement de l’Opération Hammam de samedi dernier. Le ministre de l’Intérieur, Giuliano Amato a déclaré à la presse que le Maroc avait averti les autorités italiennes, il y a deux ans, à un risque d’attentats dans les villes de Bologne et Milan. Le même responsable a affirmé que, des faits accablants étant établis pour cette cellule, la question était de savoir si les actions qu’elle projetait allaient viser des cibles en Italie ou au Maroc.
Mostafa Korchi, l’imam de ladite mosquée et chef présumé de cette cellule, est présenté par les autorités de Rome comme un religieux aux prêches enflammés et particulièrement haineux à l’égard de l’Occident. Selon les autorités italiennes, il n’hésitait pas à appeler son auditoire, composé parfois d’enfants, à appuyer le Jihad en Irak.
Il y a près de deux semaines, le Maroc avait décidé d’élever au maximum le niveau d’alerte face à d’éventuels actes terroristes. Chakib Benmoussa, ministre de l’Intérieur, a déclaré jeudi dernier que les services de sécurité disposaient de «données diffuses mais qui convergent» concernant d’éventuelles attaques contre le Maroc. M. Benmoussa a ajouté que ces données attestaient de l’éventualité d’actes terroristes contre le Maroc en juillet et août 2007. Appréhensions partagées et confirmées par les services de sécurité et de renseignements de pays amis.
Le ministre de l’Intérieur a toutefois précisé que le Maroc, jusque-là, n’a pas été directement ciblé par Al Qaïda qui, par contre, a réussi à embrigader des ressortissants marocains. à en croire Chakib Benmoussa, c’est le cas de quatre Marocains arrêtés récemment au moment où ils s’apprêtaient à rallier les camps du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat devenu Al Qaïda dans les pays du Maghreb islamique).
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Terroristes en mutation
Fouad Ali El Himma, ministre délégué à l’Intérieur, a affirmé jeudi dernier, que le Maroc, comme les pays ciblés par le terrorisme, faisait face à des nouvelles générations de terroristes. «Nous sommes face à une nouvelle génération de terroristes si l’on prend en considération les moyens, les techniques utilisées ainsi que la formation qui leur est prodiguée», précise M. El Himma. Ce dernier a toutefois rappelé que, outre une idéologie et une méthodologie étrangères, le pays fait face actuellement à un terrorisme maroco-marocain.
Mohamed Boudarham
Aujourdhui.ma