Une équipe d’archéologues de l’INSAP est actuellement à l’oeuvre pour une fouille archéologique de sauvegarde du site. « Les fouilles continueront jusqu’à mi-septembre en collaboration avec les Autoroutes du Maroc qui assurent le financement et la logistique.», ajoute-t-il. Selon les premières constatations des responsables de l’équipe de l’INSAP, fondées sur l’analyse des vestiges archéologiques, ce site est exceptionnel et a la singularité d’avoir abrité d’une manière successive les deux civilisations phénicienne et maurétanienne.
D’après la géomorphologie de la région, le site surplombait une zone marécageuse près du cours d’un oued navigable à un kilomètre de la côte. « C’est l’emplacement typique des sites phéniciens qui choisissaient des emplacements dominant leur entourage, avec la particularité d’être assez introduits dans les terres pour des besoins vitaux comme l’agriculture et le commerce, tout en ayant une voie navigable donnant sur la mer. », affirme A. Aomar, directeur adjoint de l’INSAP. Si l’état d’avancement des fouilles ne permet pas encore de se prononcer avec précision sur la nature d’occupation du site à travers les siècles, les archéologues évoquent l’éventualité d’une fortification militaire, d’un comptoir commercial, ou d’une petite cité.
Cependant, les experts situent avec assurance le parcours historique du site. Au 6ème siècle A.J, le site aurait été occupé par les phéniciens. Du 5ème siècle jusqu’au 2ème avant l’ère chrétienne, ce sont les autochtones qui auraient pris la relève.
Alors que pendant le 2ème siècle après, le site est investi par les romains dont la présence s’est étendue jusqu’au 5ème siècle de l’ère chrétienne. L’équipe des archéologues chargée des fouilles a pu trouver des vestiges de l’époque romaine. Outre les fragments de céramiques, les pièces de monnaies et les jarres, la composante fondation comprend notamment un établissement thermal romain avec le vestiaire, la salle froide et les salles chaudes. Les fouilles ont également permis de déterrer un ensemble de bassins de salaison de poisson desservis par de grands réservoirs d’eau et un four qui aurait servi à la fabrication des céramiques. Durant l’époque romaine, le site avait été fortifié par une muraille d’une imposante largeur. L’entrée principale de la cité se situait sur la façade sud de l’enceinte qui compte plusieurs tours.
Il convient de noter que l’emplacement du site, qui surplombe la vallée de Ksar-Sghir, a fait à travers les siècles l’objet de convoitise. L’armée espagnole y avait édifié des bunkers au début du siècle dernier. Cinq abris sous terrains sont toujours en parfait état.
En outre, la région est connue pour sa grande richesse archéologique, vu l’importance de sa position géographique. Les diverses civilisations de la Méditerranée se sont succédé dans la péninsule tingitane (Tingi signifie Tanger en latin) qui constituait le portail du continent africain. En effet, non loin du site, on retrouve des vestiges datant de l’époque médiévale et les vestiges de Kasr El-Majaz, le port où avait pris le départ la conquête islamique vers la péninsule Ibérique.
source:aujourdhui