De la cupidité au matricide

En fait, elle n’est tombée enceinte qu’après plusieurs années de mariage au point qu’elle pensait être stérile. Depuis le premier jour de la naissance de son bébé, elle ne l’éloigne jamais de son regard. Elle l’aimait follement, l’adorait, le cajolait.

Au fil des ans, rien n’a changé.Elle était toujours proche de lui, le consolait sans cesse et le réconfortait avec générosité. Elle perdait la tête quand il pleurait et ne savait à quel saint se vouer quand il tombait malade. En réalité, elle a souffert pour qu’il grandisse. Mais c’était un plaisir pour elle. Il suffit qu’il sourit pour qu’elle soit heureuse et qu’elle ait la sensation de tenir le monde dans sa main. Quand son mari mourut, elle déploya tous ses efforts pour que son unique fils n’éprouve aucun besoin.

Bref, elle l’a trop gâté au point qu’il n’a pas appris ce qui est le respect de sa mère. Il n’écoutait ni conseils ni sollicitations maternels. C’était lui qui lui donnait les ordres sans le moindre respect. Et pourtant, elle ne s’intéressait pas à ses comportements. Car l’amour l’a aveuglée complètement. Elle l’a inscrit à l’école. Mais, il n’a pas pu poursuivre ses études au-delà du primaire. Alors qu’ elle se débrouillait pour le pain quotidien, lui, resait à la maison à ne rien faire.

S’il lui arrivait de quitter le domicile familial, c’était pour bavarder avec les voisins du quartier à Agadir. Cette fréquentation l’a poussé à apprendre à fumer des cigarettes. Et c’est sa mère qui devait lui donner de l’argent pour en acheter. Elle ne pouvait rien lui refuser. Si elle le faisait, c’était une «bombe» qui va exploser à son visage. Et pourtant, elle a gardé le même grand amour à son unique fils. De son adolescence à sa jeunesse, ses besoins ont accru au point que sa mère ne pouvait plus supporter ses charges. Surtout qu’il n’a plus besoin uniquement de l’argent pour les cigarettes, mais également pour acheter de quoi picoler. Des besoins qui l’ont encouragé à chercher un emploi. Depuis, il est devenu un journalier qui se débrouillait de temps en temps pour gagner son pain. Mais l’argent qu’il gagnait ne lui suffisait pas pour satisfaire ses besoins, notamment en boissons alcoolisées. Ces nécessités, au moins pour lui, l’ont obligé à recourir, à chaque fois, à sa mère qui était toujours prodigue envers lui. Seulement, il était avide. Aucune somme d’argent ne le satisfait. Quand elle n’en avait pas, il n’hésitait pas à la violenter jusqu’au jour où il a été arrêté et condamné à trois mois de prison ferme pour violence contre ascendant.

Quand il a été relâché, il ne lui a pas demandé pardon. C’est elle qui lui en a demandé. Parce qu’elle a regretté d’être la cause de sa mise en prison pour trois mois. Et elle a pensé lui faire un cadeau ; le marier. Elle lui a préparé une belle nuit de noces et l’a accueilli chez elle, lui et son épouse. Depuis, son unique fils et son épouse n’ont pas pensé louer une chambre ailleurs. Le fils unique a continué à se débrouiller pour gagner sa vie. Mais seulement pour payer de quoi s’énivrer. Et quand il avait besoin de plus d’argent, il n’hésitait pas de recourir à sa mère. Si elle refusait, il la violentait.

Même lorsque sa femme a mis un nouveau-né au monde, il n’a pas cessé de demander de l’argent à sa mère ou la frapper. C’est ce qui est arrivé dernièrement quand il est venu, alors qu’il était sous l’effet de l’eau de vie (Mahia), pour lui demander un billet de cent dirhams.

Quand elle a refusé, il s’est transformé en un monstre sans pitié. Il s’est jeté sur sa mère, l’a frappée violemment et a fini par lui cogner la tête par le mur. Les voisins qui l’évitaient ont téléphoné à la police quand ils ont entendu les secours de la mère et de l’épouse. Sans tarder, les policiers sont arrivés pour l’arrêter et tenter de sauver la mère en demandant une ambulance qui l’a évacuée dans un état lamentable au service de réanimation de l’hôpital Hassan II, à Agadir. Là, elle a rendu l’âme suite aux fractures au crâne.

«Je ne savais pas ce qui je faisais… je ne voulais pas la tuer», a-t-il affirmé aux enquêteurs quand il a repris, le lendemain, connaissance. C’était trop tard. Puisque l’irréparable s’est produit.

Par : Abderrafii ALOUMLIKI

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