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Cinq ans de prison pour un pédophile

Normal, puisqu’il occupe, depuis une vingtaine d’années, le poste d’agent de service à la municipalité, chargé du sport au complexe sportif et culturel. Juste à ses côtés, se plante un enfant de quinze ans, D. H, élève à la huitième année de l’enseignement fondamental. Timide, ce mineur n’ose pas regarder les trois magistrats de la Cour. Ses yeux restent rivés par terre. Outre son frère, qui s’est présenté devant la Cour comme son tuteur, D.H est soutenu par l’avocat de l’association «Touche pas à mon enfant», qui n’a pas été retenue, elle et «l’Association marocaine des droits de l’Homme», comme parties civiles dans cette affaire de pédophilie qui a secoué la ville. Leurs habitants ne se souviennent pas s’il y avait une autre affaire similaire.
« Le mis en cause, Abdellah. B, né en 1953 à Aït Ourir,…La victime, D.H, né le 11 juillet 1990, élève… », entonne le président de la Cour pour présenter les identités des deux protagonistes consignées dans le procès-verbal avant de rappeler au mis en cause l’accusation, à savoir attentat à la pudeur sur un mineur avec violence.
« M. le président, je suis innocent », clame-t-il sur un ton paisible. Il a précisé à la Cour qu’il s’agissait d’un coup monté. Par qui ? Il n’a pas eu de réponse. Et pourtant, il a continué à clamer son innocence. Mais l’enfant, qui se souvient de tout ce qui lui est arrivé, a tout déballé. Certes, il ne s’est pas souvenu du jour exact où il a salué pour la première fois Abdellah. Mais il s’est rappelé qu’elle remonte à deux mois environs. Ce jour, Abdellah était en compagnie d’un enfant, ami de D.H. Ce dernier s’est adressé à eux pour les saluer. Depuis, Abdellah a commencé à se rapprocher de l’enfant qui fréquentait souvent un cybercafé en face de la demeure d’Abdellah au quartier la Résistance. Un rapprochement qui est encouragé également par le fait que l’ex-femme d’Abdellah partageait le même banc de l’école avec D.H. Comment ? C’est simple. Abdellah a épousé, il y a deux ans, une mineure de treize ans.
Seulement, la relation conjugale a pris fin quelques mois plus tard et la mineure a retrouvé l’école pour poursuivre ses études à la même classe que D.H. C’est la raison pour laquelle Abdellah, qui n’a pas rompu sa relation avec la mineure après l’avoir répudiée, lui a demandé de l’informer de toutes les nouvelles de son ex-épouse, mineure. En contrepartie, il lui payait les frais de surf dans la toile d’Internet au cyber. Entre-temps, Abdellah n’hésitait pas à prendre l’enfant un peu plus loin de son quartier pour lui expliquer comment il se couchait avec son ex-femme. Des histoires qui semblent avoir attiré l’attention de l’enfant.
« Rentres chez moi, je vais te donner le téléphone portable que tu remettras à mon ex… », a-t-il demandé à l’enfant.
Il était midi. D.H y est rentré chez lui poussé par son innocence et encouragé par les dirhams que Abdellah verse à sa faveur au cyber. Quelques minutes plus tard, Abdellah a conduit l’enfant à la chambre à coucher et a mis un CD dans le lecteur VCD. Pas moins de quelques secondes, l’enfant est resté bouche bée devant les images qui déferlaient devant ses yeux. Des garçons qui faisaient l’amour. D.H s’est apprêté à sortir de la chambre. Abdellah lui a demandé de rester. « Pourquoi s’enfuir ? », lui a-t-il demandé. Sans répondre, l’enfant a tenté de s’en aller. Mais, Abdellah l’a empêché. « Tu es fou ou quoi ? Les étrangers sont mieux que nous et ils font ça…Ils sont libres de faire ce qu’ils veulent parce qu’ils sont mieux que nous… », a-t-il dit en cherchant à le convaincre de rester. Mais en vain. Les images le dépassent. Il voulait aller. Abdellah l’a empêché, l’a tenu par la force pour l’obliger à coucher avec lui. « Sinon, je vais dire à tout le monde que je t’ai surpris en train de faire l’amour avec un autre garçon », l’a-t-il menacé. Une intimidation qui a donné ses fruits puisque D.H a obtempéré sans résistance.
Un moment que l’enfant n’a pas pu oublier, qui a brisé son cœur et qui, semble-t-il, va faire basculer tout son avenir. Depuis, D. H s’est renfermé sur soi-même, n’adresse plus la parole à sa famille et s’abstient d’aller à l’école. Son frère, qui s’est rendu compte de son changement, l’a poussé à cracher le morceau. Il a tout raconté devant la Cour qui n’a pas cru aux disculpations d’Abdellah pour le juger coupable pour attentat à la pudeur sur un mineur et le condamner à 5 ans de réclusion criminelle. La Cour lui a ordonné de verser des dommages et intérêt de 20 mille dirhams à la victime. Une somme qui ne rétablit jamais ce que l’enfant a perdu de son âme.

Par : Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma

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