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Balkanisation syndicale avant le scrutin du 8 septembre

Mais, à quelques semaines des élections de la Chambre des conseillers, voilà que les syndicats, comme les Chambres de commerces, s’activent pour avoir le maximum de voix. Dans la foulée, la création d’un nouveau syndicat, l’Organisation démocratique du Travail (ODT), une énième scission de la CDT s’est faite aussi dans un temps de grandes tractations sur fond de renouvellement du tiers des conseillers. La nouvelle centrale compte tenir son premier congrès à la fin du mois de mars 2007.

Créée il y a une dizaine de jours, elle est présidée par Ali Lotfi, ex-secrétaire général du syndicat de la santé (CDT) et allié d’un Abdelmajid Bouzoubaâ dans sa guerre contre Noubir Amaoui, chef inamovible de la CDT. Une situation qui rappelle la lutte des tranchées ayant fini par détrôner Abderrazak Afilal de l’UGTM, dirigé aujourd’hui par Mohamed Benjelloun Andaloussi. Ce dernier n’était en fait qu’un simple mais puissant secrétaire général du syndicat de l’enseignement affilié à la même centrale.

Contraint de quitter Amaoui

Cette fois-ci, les putschistes de l’ODT contestent la manière dont la CDT est gérée aux dépens, disent-ils, de la classe ouvrière. Si d’aucuns voient d’un bon œil cette succession de révoltes sur les caciques syndicaux, d’autres y entrevoient des visées électoralistes. Les élections de la Chambre des conseillers, prévues le 8 septembre prochain, sont l’événement qui attise l’appétit des syndicats et parmi eux l’ODT. Contacté par Le Matin, Abdelmajid Bouzoubaâ, qui vient de présenter sa démission de la CDT, affirme que l’ODT en est, actuellement, à comptabiliser les membres des commissions paritaires (patronat-syndicats) et des délégués du personnel pouvant la soutenir.

Egalement secrétaire général du Parti socialiste (PS), née d’une scission avec le Congrès national ittihadi issu de la CDT, Bouzoubaâ dit être contre toute balkanisation du champ politique ou syndical. Il souligne, que ce soit pour son parti ou l’ODT qui, faut-il le dire, est une sorte de bras syndical du PS, avoir été contraint de quitter le syndicat de Noubir Amaoui.

D’ailleurs, Bouzoubaâ ne porte pas ce dernier dans son cœur bien avant la création de la nouvelle centrale (ODT). «Certains responsables de la CDT ont mené la vie dure aux militants du PS qui continuaient d’agir au sein de la centrale syndicale», ajoute-t-il. C’est pour cette raison qu’ils étaient contraints, explique Bouzoubaâ, de quitter la CDT et créer un autre syndicat (ODT).

La pure revendication, révolue

Abstraction faite des guerres intestines entre partis et syndicats, ces derniers cherchent depuis quelques années un autre champ de bataille.

Après le désengagement de l’Etat de la fonction publique et la tertialisation de l’économie, ils ont de moins en moins de représentativité. Un leader syndical a estimé le nombre des syndiqués au Maroc entre 12 et 15% de la masse salariale. Du coup, les centrales essaient de recruter dans le privé et surtout se faire le mieux représenter à la Chambre des conseillers.

«Plus un syndicat s’affaiblit, plus il a tendance à politiser son action», estime Mohamed Tozy, politologue.

Pour M. Benyahia, professeur universitaire, le fait que chaque parti politique crée son bras syndical est une tradition malsaine. Rappelons que la CDT est née de la scission de l’USFP, de l’UNFP et avant c’était le cas de l’UMT, proche du Parti de l’Istiqlal et récemment la FDT, produit de la sortie du CNI des rangs de la CDT.

Comme quoi un syndicat peut accoucher d’un parti politique (CNI) et vice versa. Ce phénomène était valable, dans les années 1970, quand les partis politiques d’opposition utilisaient leurs branches syndicales comme une sorte de bélier pour faire pression sur le pouvoir. A travers leurs syndicats, les partis pouvaient mobiliser des armées de travailleurs et bloquer la machine économique. Ce qui était, en effet, une arme efficace pour faire valoir des positions purement politiques.

Aujourd’hui, la force d’un syndicat ne se mesure plus au nombre de ses adhérents, mais plutôt à son poids au sein des commissions paritaires. C’est la représentativité au sein de ces commissions qui reste le baromètre de la puissance d’un syndicat. Mais, ce n’est pas le seul critère.

Le poids d’un syndicat se mesure aussi à sa capacité de mobiliser lors d’un appel à la grève. Souvent, malgré le nombre d’adhérents limité dans un secteur, un syndicat peut avoir un taux de réussite à l’issue d’un débrayage pouvant atteindre 100%.

Malgré l’émiettement qui caractérise l’action syndicale, à l’image d’ailleurs des partis politiques, un changement de cap a été constaté, il y a deux ans. Il est surtout lié à la crise économique et ses répercussions sur le marché du travail. Le syndicat de la pure revendication, ayant provoqué la fermeture de plusieurs entreprises à cause des mouvements de grève répétés, est révolu.

L’action participative a pris alors place où l’intérêt de l’entreprise est également pris en compte au même titre que celui des travailleurs. Excès de zèle, certains syndicats en ont fait leur fonds de commerce aux dépens de la masse ouvrière.

Mostafa Bentak
LE MATIN

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