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Après la nouvelle hausse de l’essence, un vrai risque de pénurie

La première a été appliquée en août 2004 et deux autres ont suivi en 2005. Ce qui porte, finalement, le nombre des hausses des prix à 5 en deux ans. Quant au prix du gaz butane, il a été, par contre, épargné. La bouteille de 12 kg restera à son prix normal de 40 DH et celle de 3 kg à 10 DH. L’Etat soutient actuellement le prix de ce produit à hauteur de 50 DH pour la bouteille de 12 kg et 13 dirhams pour celle de 3 kg, soit 125 % du prix de vente.

L’indexation officielle

Contacté par Le Matin, Rachid Talbi Alami, ministre des Affaires économiques et générales, a annoncé qu’un arrêté ministériel, appliquant le principe d’indexation régulière des prix, a été signé vendredi dernier. Cette répercussion des fluctuations du prix du baril sur le prix à la pompe sera donc appliquée à tous les produits pétroliers à l’exception du gaz butane. Ce produit de grande consommation n’est donc pas concerné bien que le prix de la tonne à l’international ait passé de 150 dollars à 530, indique le ministre qui tient également à préciser que le principe d’indexation consiste aussi à baisser les prix à la pompe quand celui du baril diminue.

Quant au gasoil normal qui représente 45 % de la consommation nationale en produits pétroliers, il ne sera pas soumis au système d’indexation. Le prix de vente de ce produit subira une augmentation limitée, le reliquat non répercuté sur le prix de vente demeure à la charge de l’Etat. En effet, la hausse devant être appliquée pour le gasoil étant normalement de 1,22 DH par litre, le gouvernement a décidé de ne répercuter que 52 centimes par litre, le reliquat de 70 centimes est pris en charge par le budget de l’Etat.

M. Talbi Alami a, par ailleurs, souligné que pour les transporteurs et le secteur agricole, des mesures d’accompagnement seront annoncées à partir de demain. L’objectif étant d’atténuer l’effet de la hausse sur les activités de ces deux importantes composantes de l’économie nationale.

Risque de pénurie

Le ministre a, par ailleurs, affirmé que si l’actuelle hausse a été appliquée il y a seulement une semaine, l’augmentation du prix du super aurait été de 1,24 DH. En effet, le prix du baril avait atteint 73 dollars avec un pic de 78. Pour le ministre, le gouvernement a dû attendre que le prix du Brent atteigne le niveau raisonnable de 68 dollars pour appliquer l’indexation.

Grâce à l’actuelle hausse, si l’on peut dire, l’Etat gagne 2 milliards de DH par an. Dans le cas contraire, la Caisse de compensation aurait à supporter la bagatelle de 14 milliards de DH par an. La facture devient encore plus salée, atteignant 19 milliards de DH, si l’on ajoute le sucre et les autres produits de première nécessité, indique le ministre. C’est l’équivalent du budget d’investissement.

On ne pouvait donc abandonner les grands projets structurants du pays en maintenant les mêmes prix des produits pétroliers, explique M. Talbi Alami.
Ceci étant, le problème se pose aujourd’hui au niveau des arriérés de la Caisse vis-à-vis des commerçants de ces produits. Les retards de paiements atteignent 2,4 milliards de DH pour les dossiers traités et 1,4 pour ceux en attente, soit un total de 3,8 milliards. Cette situation accroît désormais le risque de pénurie étant donné que les opérateurs n’auraient pas assez de fonds pour approvisionner le marché.

Le ministre n’exclut donc pas qu’un phénomène de carence puisse frapper les pompes durant les prochains jours. Rappelons à ce sujet que, depuis novembre 2005, la Caisse de compensation paie chaque mois un milliard de DH d’arriérés au profit des commerçants. Les banques ne se sont pas encore mises d’accord pour voler à leur secours et donner un peu de répit à la Caisse.

Mostafa Bentak
LE MATIN

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