La Confédération démocratique du travail (CDT), l’une des centrales syndicales les plus représentatives, «rompt la trêve» et tire à boulets rouges sur le gouvernement Jettou à quelques mois des élections législatives décisives. C’est ce qui ressort du rapport présenté par le bureau exécutif de la CDT devant le dernier Conseil national de cette dernière tenu le 15 décembre 2006. L’organe de décision de la centrale de Noubir Amaoui, dans ce qui ressemble à un véritable réquisitoire, relève ce qu’il considère comme une «étrange contradiction» : en ce qui concerne les grands dossiers du pays, «le gouvernement, sur le terrain, n’accompagne pas les initiatives royales». «Nous n’avons pas encore commencé à baliser le chemin pour le développement et la construction démocratique malgré les initiatives royales que nous avons soutenues et auxquelles nous avons appelé à adhérer», lit-on dans ce document.
Ce constat de la CDT est précédé d’une autre charge contre le gouvernement au niveau de la gestion des affaires publiques. En la matière, relève le document de la CDT, le gouvernement ne dispose pas de la moindre vision et ce après plus de quatre ans de mandat.
C’est pour cela, note la CDT, que le Maroc a besoin, d’urgence, de faire la critique de la situation actuelle, mais aussi d’oser des «ruptures historiques» pour ne pas hypothéquer l’avenir. La CDT, dans son argumentaire, part de plusieurs critères que ce soit pour évaluer les lacunes du domaine social, mais politique également.
Pour cette centrale syndicale, la corruption continue d’entraver le développement du pays et continue de gangrener les structures de l’Etat et de la société. La CDT revient aussi sur ce qu’elle présente comme les domaines pour lesquels le gouvernement ne dispose d’aucune politique sociale et en particulier ceux de la santé, de l’éducation et la lutte contre la pauvreté. «Le gouvernement actuel, comme les précédents, est incapable de créer et distribuer les richesses, ce qui hypothèque l’avenir du Maroc», accuse la CDT qui affirme que l’Etat ne saurait plus avoir recours, pour ses ressources, qu’aux recettes des privatisations et des impôts.
Les attaques de la CDT, sur le plan politique, ne sont pas moins virulentes. Pour les amis de Noubir Amaoui, la société est l’objet d’une tentative de «quadrillage politique» et notamment à travers l’adoption de lois comme celle relative aux formations politiques, mais aussi les projets de lois électorales actuellement en discussion au Parlement et ce «sous couvert de réforme politique». Cette centrale syndicale attire l’attention contre les dangers de ce qu’elle appelle la stratégie de la déstructuration au profit d’élites qui ne justifient d’aucune légitimité politique, sociale ou historique.
La CDT revient aussi sur l’épisode du 8 septembre 2006 pour attester de la «gravité de la situation». «Les lobbies financiers se sont alliés aux barons de drogue pour s’emparer des institutions et protéger leurs intérêts et fortunes acquises illégalement», indique le document du bureau exécutif confédéral. «Plus grave encore, ajoute le même document, les auteurs, les complices et les soutiens de ces opérations criminelles sont les partis de la majorité qui gèrent les affaires publiques et prônent la rationalisation de la vie politique». La CDT appelle à aller jusqu’au bout des procédures initiées contre les élus corrompus-corrupteurs.
Mohamed Boudarham
Aujourdhui.ma