Timitar n’est pas un festival comme les autres. Si ses retombées positives sur l’animation d’Agadir et régions sont évidentes, c’est surtout son impact considérable sur la dynamisation économique de Souss Massa-Drâa qui doit le plus retenir l’attention. En ce début juillet, qui marque le lancement de la 2ème édition de Timitar, le taux de remplissage des hôtels serait passé de 40 à 75, voire à 80% ! Un taux qui, jusqu’ici, n’a jamais été atteint dans une ville où la haute saison ne démarre, comme à l’accoutumée, qu’à la mi-juillet. Ce taux, il n’est pas difficile de le vérifier par tout visiteur sur place. Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un petit détour du côté des hôtels qui ne jurent que par le surbooking. Les juillettistes, à défaut de pouvoir décrocher une place dans une ville où les hôtels sont pourtant légion, se rabattent sur des loyers, si loin du centre-ville soient-ils. Au-delà des hôtels, qui se frottent déjà les mains, les restaurateurs, les bazaristes, les marchands ambulants, les guides touristes et autres ont retroussé les manches pour répondre, jour et nuit, aux besoins, qui vont en s’accroissant, des visiteurs, marocains et non marocains, qui viennent grossir les rangs. Evidemment, cette impressionnante ruée n’est pas le fruit du hasard. Il faut y voir l’effet d’un effort patient, fourni par les organisateurs de Timitar, une équipe bien soudée, d’où cet excellent travail d’organisation, de communication… Un festival, comme nous l’a dit Brahim El Mezned, directeur artistique de Timitar, doit se préparer sur toute l’année. Une preuve vient d’ailleurs étayer cette assertion, il s’agit, fait inédit dans l’histoire des festivals du Royaume, de la coproduction, étalée sur plusieurs mois, entre le Festival Timitar et le Festival El Mercat de Musica Viva de Vic (Espagne) d’une création musicale autour du jazz qui a surpris, en ce mémorable lundi soir dernier au Théâtre de Verdure, un parterre visiblement acquis. Le reste, il n’en est pas moins impressionnant. Il n’y a de place que pour les têtes d’affiches: côté amazigh, cheval de bataille de Timitar, les artistes les plus illustres se sont succédé sur le podium de la Place Al Amal. A nommer, entre autres, Moha ou Hammmou Zayani, Outtaleb Lamzoudi, Mohamed Rouicha, Hamou Agourane, Mohand, pour ne citer que ces «rwaïss» connus et reconnus des chants et musique amazighs. Côté étranger, des célébrités du monde des arts et du spectacle ont fait le déplacement à Agadir pour animer, le temps d’une semaine, les belles soirées d’Agadir. Tenez, Raul Paz (Cuba), Ismaël Lô (Sénégal), Alpha Blondy (Côte d’Ivoire), Marcia Short (Brésil), Faudel (France), Malkit Singh (Inde/Angleterre), Tambours de Brazza (Congo), N’java (Madagascar), Mahwash (Afganistan), The Medicine Show Jazz (Etats-Unis), et on passe.
Ces groupes, précédés de leur réputation de bourreaux incontestés de la scène, apportent, à chaque soir, une véritable bouffée de joie à la population gadirie qui, drapeau national à la main, a su communier, avec des visiteurs issus d’autres régions du Royaume et de l’étranger, dans l’amour de la musique. Un véritable bain de jouvence ! Les médias étrangers, sans oublier évidemment les nationaux, ont pour leur part fait un déplacement massif dans la capitale du Souss pour immortaliser, à coups de flashs, de zooms et à grand renfort de plume, des moments privilégiés comme seule Agadir sait en procurer: «El Pais», «la Razon», entre autres médias espagnols ont fait le voyage d’Agadir.
Les médias français ne sont pas en reste: «Monte Carlo», la radio parisienne qui touche plus de 16 millions d’auditeurs dans le Moyen-Orient, a débarqué en force à Agadir, aux côtés de RFI, TV5, le quotidien «Le Monde»… ART, la chaîne de télévision satellitaire arabe, n’a pas manqué non plus au rendez-vous, pas plus qu’un bataillon de journalistes de la presse écrite italienne et hollandaise. Ce pèlerinage n’est pas un fait fortuit, Timitar, ayant accompli un impressionnant travail de communication pour promouvoir, à l’étranger, son image-building, récolte maintenant les fruits de son action.
Des fruits que toute une région, de Souss à Drâa, en passant par Massa, peut bien partager, tellement la récolte est importante. Au-delà de Timitar, d’Agadir et régions, c’est ce Maroc, qui s’est donné pour défi d’attirer 10 millions de touristes dans la perspective 2010, qui peut s’estimer heureux. Maintenant, c’est aux autorités, dans quelques régions de ce beau pays qu’elles peuvent se trouver, d’en tirer les enseignements.
Cela devrait, désormais, passer par tordre le cou à une certaine idée selon laquelle les festivals seraient superflus. Timitar, à titre exceptionnel, a fait la preuve, à qui veut bien entendre ou voir, que les festivals ont un rôle à jouer, non seulement dans l’animation de l’espace public, mais aussi dans le développement économique du pays.Vivement les festivals!
source:aujourdhui