«Un projet est en cours aujourd’hui avec la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN)», a précisé le ministre du Tourisme. Le chantier vise à renforcer l’action des brigades de la police touristique, en nombre et en matériel, afin de leur permettre de mieux s’équiper. Un grand axe de la réforme concernera aussi la formation.
En revanche, le ministre n’a pas précisé si les officiers de police détachés dans les brigades touristiques seront enfin considérés comme de vrais sous-officiers de police judiciaire, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Dans tous les cas, le projet de renforcement de ce corps concernera d’abord Marrakech. Pour rappel, c’est en 1994 qu’une circulaire conjointe des ministères du Tourisme, de l’Intérieur et de la Justice avait mis en place la brigade touristique dans le but d’assainir l’environnement du secteur et pour lutter contre les faux guides et le harcèlement des touristes.
Cette circulaire établit une distinction entre les attributions de l’Administration centrale (ministères du Tourisme, de l’Intérieur et de la Justice) et celles qui incombent à l’Administration locale, laquelle se charge de la coordination et de l’encadrement de ces brigades qui relèvent aussi de la DGSN.
Sur le terrain, la création des brigades touristiques en 1994 a permis de réduire de 95%% la «criminalité touristique» à Marrakech, avancent des sources proches des autorités locales. «Durant tout le mois d’avril 2007, pas un seul vol à l’arraché n’a été enregistré depuis plus d’un mois», renseigne un opérateur touristique très satisfait du niveau de sécurité de la ville ocre.
La cité Almoravide compte la plus importante brigade, avec quelque 80 éléments travaillant en deux «quarts ou prises», selon le jargon usité. Bien loin des effectifs des autres destinations touristiques (Agadir par exemple), lesquels ne dépassent pas 20 personnes en général.
Si leur efficacité est indispensable, les gardiens du tourisme restent mal équipés. En témoigne le local servant comme lieu de brigade touristique de Marrakech, un espace sommaire ne permettant pas de recevoir correctement un touriste venu enregistrer une plainte.
Même avec 80 personnes, il est difficile d’encadrer une ville aussi grande que Marrakech.
Les effectifs de la brigade touristique sont du fait de ce problème de sous effectifs, déployés uniquement à la place Jamaâ El Fna et dans les souks. Le Maroc reste en la matière nettement distancé par l’Egypte et la Tunisie, deux pays où la tendance est à la spécialisation des officiers des brigades touristiques. S’ils sont assez présents dans les zones touristiques sensibles pour prévenir le harcèlement, les éléments de la brigade touristique n’ont pas compétence pour intervenir à l’intérieur des hôtels.
Côté motivation, les brigadiers qui percevaient une prime variant entre 300 et 800 dirhams, ne reçoivent plus cette somme depuis plus de trois ans. La rétorsion viendrait-elle, comme le dit-on au sein des Brigades, des opérateurs touristiques, la main lourde dès qu’il s’agit de financer l’aspect sécuritaire ?
«Il faut sensibiliser les hôteliers sur l’importance de la sécurité et la nécessité d’investir dans ce domaine», lance un responsable d’une structure étatique en poste dans la ville ocre. Un sermon qui, gageons-le, ne passera pas inaperçu chez les enseignes étoilées.
Adam Wade
aujourdhui.ma