Abdelali Amer a le profil type du «serial killer» : L’assassin de 13 SDF

«Au début, les cadavres trouvés portaient des marques de coups assénés du côté du sol. Nous ne savions pas si c’était un meurtre ou une mort normale. Le rapport de l’autopsie était également ambigu, expliquant que la mort est survenue suite à un traumatisme crânien consécutif à une chute accidentelle», affirme M. Imansar, le chef de la police judiciaire de Rabat.

Toutes les victimes avaient un seul profil : des «mikhalis». Un terme qui désigne dans le jargon policier un SDF. Il les tuait avec beaucoup de sang froid en les surprenant par un coup sur la tête à l’aide d’une pierre enfouie dans une chaussette. Concernant la femme assassinée, elle a d’abord été violée. C’était elle aussi une SDF.

Né en 1961 à Rissani, le criminel se révèle être un véritable psychopathe qui nourrissait une haine inouïe envers toute la société. Il se sent abandonné par sa famille. Tous ses frères ont immigré à l’étranger. La seule sœur qui est restée au Maroc et qui s’occupait de lui est décédée. Il a voulu, lui aussi immigrer.

Cependant, il ne pouvait pas avoir de passeport car il avait déjà été emprisonné pour viol. D’un coup, il s’est trouvé livré à lui-même squattant les rues. Il vivait à Salé, mais se déplaçait souvent à Rabat.

En Octobre 2004, date de sa sortie de prison, il franchit alors un autre cap. Le violeur se mua subitement en meurtrier avide de sang. La série de crimes venait de débuter. Les endroits choisis étaient différents. Un point commun les réunissait. Des lieux déserts, peu fréquentés. Il y a quelques jours, la police a découvert «un cadavre dont la marque du coup qu’il a reçu était face au ciel». Ce meurtre a eu lieu le 1er août, derrière le marché du gros.

C’est à partir de ce moment-là que la police a commencé à douter et à entreprendre de sérieuses recherches. En même temps, quatre tentatives d’homicide volontaire de Boussema avaient, heureusement, échoué. L’affaire qui jusque-là semblait inexplicable, commence à s’éclaircir peu à peu. La sixième brigade de police du quartier “ Océan ” a pu l’arrêter mardi dernier grâce à la description fournie par plusieurs témoins.

Deux autres SDF ont été également arrêtés dont une victime qui a été sauvée des griffes de la mort. La police leur reproche la non-assistance à une personne en danger. En effet, ces deux vagabonds étaient toujours avec lui et le connaissaient de très près.

En apprenant la nouvelle, les habitants de la médina de Rabat sont sous le choc.

La peur a fini par les gagner. Le tueur vivait parmi eux, à Bab Rahba. «Il consommait des drogues en grande quantité. On le voyait tous les jours en train de chercher de la nourriture. Pour nous, il était un vagabond inoffensif comme tous les autres.

Jamais, nous n’avons douté de lui», s’étonne Mohssine peiné par l’assassinant de l’un de ses voisins qu’il connaissait parfaitement. «La victime a divorcé et avait beaucoup de problèmes avec sa famille. Il n’a trouvé que la rue comme une seule issue. Il ne savait pas qu’il allait y trouver une mort atroce. Toute sa famille est choquée», ajoute-t-il.

Cette affaire dramatique tire la sonnette d’alarme sur le phénomène des «sans domicile fixe» dont le nombre augmente au fil du temps. Des solutions urgentes s’imposent sinon les conséquences seront graves. Le cas de Bousemma en est la preuve concrète.

Du côté de la police judiciaire, on souligne que la responsabilité incombe à la société toute entière. «En une journée, on peut rassembler tous les vagabonds de Rabat. D’habitude on les conduit à Aïn Atiq. Mais, ils sont relâchés après», indique M. Imnsar.

source : lematin.ma

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