«Le gouvernement entre en activité avec un sérieux handicap», estime Lahcen Daoudi secrétaire général-adjoint du PJD. «Heureusement que la Constitution n’exige que la majorité relative pour l’adoption du programme gouvernemental», ironise-t-il. Et de noter que «les membres des formations qui constituent la majorité n’ont pas tous voté le programme». Ce qui, selon le dirigeant du parti islamiste, montre que «le gouvernement est minoritaire». Il n’en reste pas moins que la déclaration du gouvernement vient d’être adoptée avec une majorité relative. «Ce n’est que partie remise, le débat et l’adoption de la déclaration du Premier ministre ne sont qu’un exercice de réchauffement», lance M. Daoudi. «Nous attendrons le gouvernement au tournant de la loi de Finances. Et il n’y aura pas de répit pour les ministres qui n’auront pas présenté des dossiers bien étudiés et à temps», prévient-il. Le numéro 2 du PJD, a ouvertement critiqué les conditions dans lesquelles s’est déroulée la séance de vote de la déclaration gouvernementale. «il y a eu un grand problème de gestion de la séance», affirme-t-il. Il n’a pas manqué de pointer du doigt le problème d’absentéisme des parlementaires. «Il faut que la Chambre adopte, sans plus tarder, un texte réglementaire qui astreindra tout parlementaire qui s’absente sans raison légale à une amende de 1000 DH», affirme-t-il. Pour ce qui est du vote du mercredi 31 octobre, le PJD estime que le résultat le montre, «le gouvernement part aux affaires avec un faible capital de confiance». «Dans toute l’histoire du Maroc, c’est la première fois qu’un gouvernement entame son action avec une aussi faible majorité», note M. Daoudi. Un constat que partage le Mouvement populaire, deuxième force politique de l’opposition. «C’est la première fois que nous assistons à une majorité aussi réduite, mais, paradoxalement, cela donne beaucoup plus de crédibilité au gouvernement», affirme Mohamed Moubdii, membre du groupe de la Mouvance populaire et président de la commission de l’Intérieur, de la Décentralisation et des Infrastructures. «La différence est de seulement 25 voix. Il suffit qu’un groupe de 25 députés de la majorité bascule dans l’autre camp pour que le Maroc affronte une crise politique», explique M. Moubdii.
Le MP a voté contre le programme gouvernemental parce que «nous n’avons pas participé à son élaboration et il ne rejoint pas nos engagements électoraux et ne répond pas à nos attentes», ajoute-t-il. Il n’en reste pas moins que ce n’est pas une règle figée pour le MP. Le parti dit vouloir participer à la coordination et à la perfection de l’action du gouvernement. «Notre rôle sera celui du rappel à l’ordre, du suivi et de la critique de l’action du gouvernement pour que les orientations de SM le Roi soient mises en application dans les meilleures conditions», conclut M. Moubdii.
L’Union constitutionnelle, l’autre composante de l’opposition (27 sièges et sixième force parlementaire), estime que le gouvernement dispose bien d’une majorité à même de lui permettre d’entamer sa mission, «sinon il ne serait pas là», estime Mohamed Abied, secrétaire général du parti. «Dans les faits, le gouvernement a été nommé par SM le Roi et a déjà entamé son travail. Il ne s’agit donc pas d’un vote de confiance, mais d’une simple déclaration du gouvernement», affirme-t-il. Cela n’empêche pas que les 24 députés UC présents lors de la séance aient voté contre la déclaration. «Nous avons voté contre le programme et nous avons expliqué le pourquoi de notre vote. Nous ne sommes pas dans l’opposition pour la simple opposition, il faut le préciser. Nous nous opposons au programme défendu par le gouvernement parce qu’il ne correspond pas à nos attentes», souligne le chef de fil de l’UC. Pour M. Abied, «les grandes lignes de l’action gouvernementale ont été tracées dans le discours de SM le Roi. Des grands chantiers ont été lancés et le pays va continuer dans cette politique. Tout ce que nous espérons de l’actuel gouvernement, ce sont des actions concrètes notamment en matière de la moralisation de la vie publique et une réforme de l’administration. Les grands chantiers sont une affaire de tous les Marocains», tranche M. Abied.
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