À fin mai dernier, le ministère de l’Economie et des Finances a procédé à une actualisation de la loi de Finances 2008 (voir tableau) avec une belle extension de plus de 23 milliards de dirhams aussi bien pour les recettes et les dépenses de l’Etat. Au cours des cinq premiers mois de cette année, les recettes ordinaires ont été tirées vers le haut grâce à l’apport des recettes fiscales. En fait, à fin mai 2008, les recettes ordinaires ont atteint 82,3 milliards de dirhams dont 74,2 milliards de dirhams générés par les recettes fiscales. Cette manne de 74,2 milliards de dirhams est composée essentiellement de 23,3 milliards de dirhams de l’IS (Impôt sur les sociétés), 16,9 milliards de dirhams de TVA et 14,1 milliards de dirhams de l’IR (Impôt sur le revenu). Côté dépenses, l’Etat a déboursé 65,6 milliards de dirhams au titre des dépenses courantes et 18,5 milliards de dirhams en investissement, à fin mai dernier.
Dans les dépenses courantes, le personnel a absorbé 28,6 milliards de dirhams et la Caisse de compensation 12,3 milliards de dirhams au cours des cinq premiers mois de cet exercice.
Par rapport à fin mai 2007, le budget alloué à la Caisse de compensation a été seulement de 4,4 milliards de dirhams, soit une hausse de 178 %. Cette année, les dépenses de compensation dépasseront les 40 milliards de dirhams, soit plus que le double de la somme inscrite dans la loi de Finances 2008.
Lors de sa première visite au Maroc, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a annoncé qu’«il faut bannir la subvention générale» au Maroc. Pour sa part, la Banque mondiale abonde dans le même sens. Pour la réforme de la Caisse de compensation, cette institution a présenté, au mois d’avril dernier, deux exemples à suivre pour le Royaume. Il s’agit de l’Indonésie et du Mexique. En effet, au Maroc, la compensation, n’étant pas ciblée, profite surtout à ceux qui en ont le moins besoin. Ainsi, les populations les plus pauvres, selon la ligne de pauvreté nationale, reçoivent seulement 10% du total des subventions. Dans le contexte mondial actuel où les prix des produits énergétiques et celui des denrées de base ne cessent de flamber, la facture des subventions est de plus en plus élevée et risque de dépasser 3,3% du PIB actuel, selon toujours la Banque mondiale. En attendant de trouver le modèle adéquat pour la réforme de la Caisse de compensation, le gouvernement veut continuer donc à soutenir les prix à la consommation, surtout à la veille du mois de Ramadan. Cette rallonge budgétaire sera soumise prochainement au Parlement pour ratification.
Atika Haimoud
Aujourdhui.ma