25 ans de réclusion pour un meurtre mystérieux

Au fil des années, Mourad et Karim sont restés en contact. Nostalgiques, ils n’arrêtent pas d’évoquer leurs souvenirs de l’école, de leurs jeux, de leurs petites bagarres. Une enfance sans problème. Devenus adultes, les deux jeunes hommes trouvent un métier pour gagner leur vie et comme tout le monde, ils rêvent de réaliser leurs ambitions. Karim est commerçant, tandis que Mourad a choisi d’être f’kih.

Un choix que n’arrive, d’ailleurs, pas à digérer son ami de toujours qui n’arrête pas de lui en demander les raisons. Mourad se contente de lui répondre qu’il s’agit d’un secret et qu’il ne peut pas révéler. Le f’kih affirme à ses clients qu’il a la force de chasser le mal, d’aider les femmes à trouver un époux et de prévoir l’avenir. Pour Karim, le fait que Mourad soit f’kih ne change en rien leur grande amitié. Pour preuve, les deux amis se soutiennent toujours surtout en période de crise. Karim a été le plus souvent aux côtés de son ami. Au fil des jours, ils deviennent inséparables. Un seul point les distingue: les femmes. Karim les adore et les fréquente souvent.

Dès qu’il ferme son commerce, il va à la rencontre de ses conquêtes. Mourad, lui, est contre ces relations amoureuses et se permet de recommander à son ami d’éviter de promettre aux filles monts et merveilles et de les abandonner après avoir couché avec elles. Il lui fait des reproches sans cesse. Et cela bien qu’il mette à sa disposition sa demeure pour qu’il passe de bons moments avec ses maîtresses. Mais Karim finit par tourner le dos à son ami. Il le traite de jaloux. En fait, Mourad craint surtout pour son argent qu’il a peur de dépenser pour les filles.

Karim commence à éviter les gens, à s’isoler, à ne parler à personne. Pourquoi ? Quelle mouche l’a piqué ? Mourad n’en sait rien. Karim ne lui donne aucune explication quand il la lui demande.

Les jours passent et Karim se renferme de plus en plus au point que Mourad ne peut plus supporter une telle attitude. Il décide alors de l’aider à sortir de son état psychique. Mais Karim ne veut plus le rencontrer. Mourad insiste, s’adresse à Karim, lui redemande de lui confier ce qu’il ressent. Karim se contente de le regarder, avant de l’inviter à le rejoindre à l’intérieur de son commerce.

Mourad le suit. Karim ferme la porte. «Je n’ai pas envie de recevoir des clients et je veux qu’on reste seuls», balbutie-t-il, avant de se réfugier dans le silence. Mourad tente de le tirer de son mutisme en vain. Tout d’un coup, Karim se retourne, saisit un marteau et se jette sur son ami. Ce dernier tombe sur le coup. Karim se présente le même jour devant la police : «J’ai tué Mourad», avoue-t-il. Pourquoi l’a-t-il tué ? «Il m’a envoûté au point que je n’arrive plus à avoir de relations intimes avec les filles…», déclare-t-il devant le président de la chambre criminelle. Sa maîtresse a rejeté cette déclaration faite aux enquêteurs de la PJ. Elle n’a pas été convoquée par la Cour pour confirmer son témoignage. Et Karim a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle sans qu’il dévoile le vrai mobile de son crime.

Abderrafii ALOUMLIKI

Aujourdhui.ma

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