Fils cadet d’un père cadre dans la marine marchande et d’une mère au foyer, Younès a grandi en enfant gâté. Il n’a jamais manqué de quoi que se soit. Ses demandes étaient des ordres. Ses parents ne lui refusaient rien. Tout ce qui comptait pour eux était que leur petit dernier chéri soit heureux…Très heureux.
Pour sa scolarisation, Younès a également bénéficié de toutes les attentions. Ses parents l’inscrivent dans les meilleures écoles privées casablancaises. Ils comptent bien voir leur fils cadet réussir brillamment ses études et décrocher un emploi honorable. Pour l’encourager, surtout à partir de l’adolescence, ils l’envoient systématiquement passer ses vacances à l’étranger.
Tout se gâte lorsque Younès accède au secondaire. Il commence à sécher les cours. Ses absences sont tellement nombreuses que la direction de son lycée en avertit de nombreuses fois ses parents. Mais ces derniers s’avouent bientôt impuissants. Younès s’entête à tourner le dos au lycée. Ses parents parviennent à une explication. De mauvaises fréquentations sont à l’origine du dévoiement de leur fils. Mais ils découvrent bientôt que Younès a atteint le pire : il est devenu toxicomane. La faute à la facilité avec laquelle Younès, gavé d’argent de poche, pouvait s’offrir autant de haschich qu’il voulait et mener une vie de fêtard intoxiqué.
Il est alors trop tard pour redresser la barre. D’ailleurs Younès s’est fait renvoyer de son lycée. Ses parents décident de ne plus lui donner d’argent de poche, espérant que cela suffira à le calmer.
Mais Younès est en manque de sa dose quotidienne. La solution ? Il l’a rapidement trouvée. L’ordinateur, le scanner, l’imprimante et le photocopieur dont sa chambre d’adolescent est équipée lui fournissent les moyens de falsifier des billets. Il commence par une coupure de cinquante dirhams. Au guichet d’un cinéma du centre ville, il réussit à tromper la guichetière qui lui rend la monnaie sans rien remarquer.
Younès ne tarde pas à passer à la vitesse supérieure. Il s’attaque aux billets de cent et deux cents dirhams. Pour les mettre en circulation, il s’adjoint l’assistance de deux amies. Ces dernières acceptent de se lancer dans le jeu contre le versement par Younès de consistantes commissions.
C’est ainsi que Younès finit par ne plus avoir besoin de l’argent de poche de ses parents. Sa petite installation informatique fonctionnait à merveille. Jusqu’à cette deuxième visite chez un boulanger pour acheter un mille feuilles valant quatre dirhams à l’aide d’un billet de deux cents dirhams. «Attends que je rentre pour chercher de la monnaie à l’intérieur… », lui demande la caissière.
En fait, la caissière de la boulangerie s’était rendue compte, lors de la première visite de Younès, que le billet de cent dirhams donné en paiement par le jeune garçon était faux. Ce n’est pas pour chercher de la monnaie qu’elle se retire à l’intérieur de la boulangerie mais pour alerter la police. Younès ne tarde pas à être arrêté et à dénoncer ses deux complices. Considérant leur jeune âge, la Cour a accordé au trio les circonstances atténuantes. Younès est condamné à quatre ans de prison ferme et ses deux amies à six mois de prison ferme.
Younès a été conduit au centre de réforme à Casablanca, où il demeurera jusqu’à sa majorité. Ses deux complices ont été placées au centre Abdeslam Bennani à Casablanca.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma