Deux cellules «consacrées au terrorisme international en relation avec le réseau Al-Qaïda» ont été démantelées, comptant au total 15 Marocains, 3 Espagnols, un Turc et un Algérien, a annoncé le ministre espagnol de l’Intérieur José Antonio Alonso lors d’une conférence de presse à Madrid.
Il existe de «forts indices» de l’implication de certaines des personnes arrêtées dans l’envoi en Irak d’un Algérien responsable d’une attaque-suicide revendiquée par Al-Qaïda qui avait fait 28 morts dont 19 militaires italiens dans la base italienne de Nassiriyah le 12 novembre 2003, a-t-il ajouté.
Le début des activités terroristes organisées en Irak par ces cellules remonte à cette époque, a-t-il dit. Selon M. Alonso, «plusieurs Marocains recrutés par elles ont été arrêtés mi-2004 en Syrie et renvoyés au Maroc après avoir, suppose-t-on, combattu à Falloujah au côté d'(Abou Moussab) al-Zarqaoui», chef de la branche irakienne d’Al-Qaïda. «Les deux cellules avaient des ramifications en France, Belgique, Pays-Bas, Algérie, Maroc, Turquie, Syrie et Irak», a indiqué le ministre.
Les arrestations ont été permises par des enquêtes sur le Groupe islamiste combattant marocain (GICM) et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), deux groupes dans l’orbite d’Al-Qaïda, a ajouté M. Alonso.
Les activités reprochées aux suspects comprennent «le recrutement, le financement et l’appui logistique à des personnes qu’ils envoyaient comme terroristes en Irak», a-t-il précisé . Trois suspects ont été interpellés à Madrid, seize à Vilanova y la Geltru en Catalogne (est), dont l’imam de cette ville, et une à Lasarte au Pays Basque (nord). Une vingtaine de perquisitions ont été réalisées.
La cellule de Catalogne se dédiait au «recrutement et à l’aide au transit de Moudjahidine vers des zones de conflits armés, principalement l’Irak, via la Syrie, la Jordanie et d’autres pays de la région», selon un communiqué du ministère espagnol de l’Intérieur.
La cellule basée à Madrid recrutait également des combattants pour l’Irak, organisait leur passage depuis le nord de l’Afrique vers l’Irak et fournissait une couverture à ceux qui en revenaient.
Dirigée par un Algérien, «ancien activiste des réseaux terroristes algériens» en Espagne, «elle concentrait actuellement son activité sur la fourniture de combattants au réseau d’Al Zarqawi», selon ce communiqué. La police «n’exclut pas que la planification d’actions violentes en n’importe quel point du territoire européen ait été au nombre des missions de cette cellule» dont le chef avait reçu un entraînement en Afghanistan.
L’enquête n’a toutefois fait apparaître aucun projet imminent d’attentat, a souligné M. Alonso, même si l’un des suspects arrêtés à Madrid semblait avoir des connaissances dans le maniement d’explosifs et en électronique. Les vingt présumés activistes islamistes interpellés mardi seront présentés à deux juges d’instruction de l’Audience nationale, huit d’entre eux vendredi et les douze autres samedi.
Depuis les attentats meurtriers du 11 mars 2004 à Madrid (191 morts), la police espagnole a démantelé préventivement de nombreuses cellules de ce type, et 90 militants islamistes présumés ont été arrêtés en 2005 dans le pays.
Une quarantaine de personnes soupçonnées d’implication dans les attentats du 11 mars revendiqués par Al-Qaïda devraient être officiellement inculpées courant février en vue d’un procès prévu à l’automne 2006, selon une source judiciaire.
Lematin